L’épilogue à l’homme qui danse présenté au Théâtre du Jeu de Paume

L’épilogue à l’homme qui danse présenté au Théâtre du Jeu de Paume

Adieu Ferdinand ?

Voilà maintenant bientôt trente ans, huit épisodes et plus d’une trentaine d’heures que Philippe Caubère nous sert avec brio sa vie sur un plateau. Notre journaliste était présent pour le dernier acte au Jeu de Paume : un bilan plus que positif.

Caubere.jpgInitiée avec Claudine et le théâtre où l’on put assister, ravis, au jaillissement de notre acteur-né hors du vagin maternel, la saga autobiographique de L’homme qui danse s’est achevée avec La Mort d’Avignon. L’action de cet ultime volet nous transporte en plein festival d’Avignon en 1979, année où notre narrateur vécut un fiasco dantesque dans le Lorenzaccio de Musset.
La visite est jubilatoire : où l’on croise Georges Wilson, Jean Vilar, Gérard Philippe, l’inénarrable Paul Puaux (1) et même, soyons fous, De Gaulle, Mauriac, Sartre… Sans oublier bien sûr — épilogue oblige — Ariane Mnouchkine en « vieille murène » et la figure de la mère, flanquée de son inévitable pendant : madame Colomer. Autant dire que pour les aficionados du « Molière de la Fare les Oliviers », ce dernier round est un vrai régal, standing ovation garantie. Un plaisir pourtant teinté d’une forme d’angoisse nostalgique particulièrement palpable en fin de représentation : Ferdinand Faure tirerait-il définitivement sa révérence (2) ?
Pour les autres, simples curieux ou accompagnants résignés, la perspective de passer deux à trois heures (sans entracte), assis face à un mec seul, sans décors ni costumes, pouvait justifier une certaine appréhension : n’allaient-ils pas s’emmerder ferme ? C’était compter sans le scalpel du docteur Caubère, véritable Frankenstein du virtuel. Décors et personnages apparaissent, pullulent, envahissent la scène, s’incarnent. Les indécis sont scotchés, le barnum foisonnant bat son plein, c’est la tour de Babel !
Deux heures et quart plus tard, chassant l’illusion, un homme seul vient saluer. Perplexité générale et chapeaux bas, l’artiste !

LC

(1) Ami et compagnon de route de Vilar, communiste, ancien résistant, administrateur et directeur pendant de nombreuses années du festival d’Avignon. Et grand fumeur de pipe, ce qui lui valut son surnom de Paul Pipe.
(2) A notre humble avis, pas de soucis, à l’instar de Molière, seules celles d’un cercueil pourraient lui faire quitter les planches.

L’épilogue à l’homme qui danse était présenté du 21 au 25 au Théâtre du Jeu de Paume (Aix-en-Provence)