L’Entretien | Suzane

Avec une consécration aux Victoires de la Musique dans la catégorie « révélation scène » et une date à l’Olympia à la fin de l’année, Suzane se hisse au rang d’étoile montante de la chanson française. À quelques jours de son concert à Marseille, l’artiste d’origine avignonnaise a accepté de répondre à nos questions.

 

 

Après la sortie de votre album Toï Toï en janvier, la tournée des festivals et cette nomination aux Victoires de la Musique, comment vous sentez-vous ?

C’est en effet une année chargée en émotion, très intense, avec beaucoup de surprises. J’ai eu la chance de monter régulièrement sur scène et d’aller jusqu’en Chine, au Japon ou en Mongolie, dans des endroits improbables, et d’être programmée dans les plus beaux festivals de France. Ma Victoire dans la catégorie révélation scène, c’est quelque chose de cohérent car c’est sur scène que j’existe et que les gens m’ont fait exister. J’ai été complètement sonnée par ce prix. C’est une reconnaissance des gens qui travaillent avec moi aussi et je suis très contente de représenter le Sud, d’une certaine façon.

 

Que représente ce succès pour vous ? La reconnaissance de votre talent, l’aboutissement de votre travail ?

Pour moi, ça veut dire pouvoir continuer à faire ce que je fais, continuer à écrire des chansons.

Je ne pensais pas en écrivant mes chansons qu’elles seraient autant écoutées même si c’était nécessaire pour moi de les écrire. J’ai découvert le nombre de vues sur les clips, je ne pensais pas qu’il y en avait autant. Cela me permet de continuer à avancer tout en restant la même malgré le succès.

 

Avez-vous eu des moments de doutes, d’inquiétude, entre vos débuts en danse et le grand saut dans la musique, ou à votre départ d’Avignon pour Paris ?

Bien sûr ! Et j’en ai toujours. Quand je termine une chanson, je me demande si je vais trouver l’inspiration pour la prochaine. Est-ce qu’il y a quelque chose qui va me parler ? Avant de monter sur scène, est-ce que je vais être assez en forme pour le public ? C’est important de se remettre en question. Il faut avoir confiance suffisamment mais avoir des doutes aussi. Je me suis surtout écoutée et j’avais envie d’entrer dans mon propre moule, puis j’ai fait des bonnes rencontres, dont mon producteur Chad Boccara ; j’ai eu de la chance mais il y a eu beaucoup de travail.

 

Vos chansons sont aussi personnelles qu’elles soulèvent des problématiques universelles. Vous nous offrez une galerie de portraits, une observation fine de la société. Ce disque, c’est une vision du monde actuel ? Une nécessité de s’exprimer ?

J’essaie de décrire le monde dans lequel je vis, qui peut me faire peur ou me mettre en colère. Dans la vie, s’il y a quelque chose qui m’a heurtée et que je me suis sentie impuissante, je vais écrire dessus. Cela part souvent des choses que j’ai observées, des personnages ou des choses liées à moi ou à mon quotidien. Je raconte le quotidien pour que les gens se reconnaissent dans mes chansons. Et ils me le disent, que telle ou telle chanson leur a fait du bien, qu’elle les accompagne le matin.

 

Vous dégagez une forte personnalité et une vraie esthétique dans le paysage musical français. On vous compare souvent à Stromae : ça vous fait plaisir ?

 

J’écris avec beaucoup de sincérité et j’essaie de dégager quelque chose de singulier. Les gens ne peuvent pas s’empêcher de faire des comparaisons ; je les comprends, je fais pareil. Stromae est une énorme référence qui a su casser les codes et m’a influencée comme toute une génération d’artistes. Donc oui, c’est un compliment. J’ai aussi été influencée par Brel, Barbara, Vitalic ou encore Daft Punk dans la chanson française et électro. Mais j’aimerais qu’un jour on parle juste de Suzane, tout simplement pour mon travail.

 

Aujourd’hui, vous êtes identifiée comme une artiste aux multiples talents, qui sait mélanger les disciplines. Comment se passent la création et le live ?

C’est un long chemin qui est passé par dix ans d’études de danse puis la découverte de ma voix vers treize/quatorze ans, et le fait de découvrir que j’aimais autant chanter que danser. L’envie vers dix-sept ans de sortir de la rigueur de la danse et de lâcher tout ça. J’ai osé car toutes ces choses étaient en moi et j’ai eu besoin de les exprimer. La création est assez instinctive. C’était vital pour moi, même si certains m’ont découragée. Quand un message me brûle un peu, il y a une phrase qui vient spontanément. Puis la danse vient appuyer les mots. La danse, c’est mon ADN, sans cela ce ne serait pas moi. Sur scène je donne beaucoup d’énergie, le trac se transforme en énergie. Je me sens libre, c’est un terrain de jeux : je vais chercher le public et on lâche prise tous ensemble.

 

Pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour cette année encore ?

Que ce rêve dure, dure, dure encore ; que je continue à écrire des chansons et à monter sur scène. Remplir l’Olympia le 1er décembre comme mes idoles avant moi. Sinon, j’ai hâte de cette date à Marseille, de jouer dans le Sud.

 

Propos recueillis par Cécile Matthieu

 

Suzane : le 13/03 au Dock des Suds (12 rue Urbain V, 2e), dans le cadre du festival Avec le Temps.

Rens. : festival-avecletemps.com

Pour en (sa)voir plus : www.facebook.com/suzanemusique/