L'édito du Journal du OFF

Hourra !

 

Avant même l’ouverture du OFF, les critiques ont commencé à fuser. Trouver un mécène, qui plus est une banque ? « Vendus ! » Récupérer, en sus, des deniers publics ? Impensable ! (1)… Savoir s’attirer la faveur des médias et de quelques hipsters en proposant une programmation « décalée » ? « Ils ne sont bons qu’à communiquer et à faire de l’événementiel pour bobos ».
Si l’on reconnaît la pertinence de certaines remarques (notamment concernant le système de conversion du gaston, équivalent à 1,25 euros), l’on ne peut que s’interroger sur ces détracteurs qui ont décrété — sans forcément faire de propositions alternatives de leur côté — que le Off se faisait plus In que le In. Mettant de fait deux structures proprement incomparables dans le même panier. Et pas qu’au niveau financier. Si MP 2013 a construit sa programmation autour de l’axe méditerranéen, l’équipe du OFF n’a de cesse de répéter — à raison — que Marseille ne peut se réduire à son ouverture sur la mer. Que cette Mare Nostrum chérie n’est pas une réalité pour tous les Marseillais, notamment ceux qui habitent au Nord de la ville. Que cette cité phocéenne se nourrit de paradoxes et qu’on l’aime sans doute aussi — et surtout — pour ça. D’où une programmation réfléchie, loin de se cantonner à de l’événementiel, qui rend compte de la richesse artistique d’une ville dont la dimension culturelle, largement ignorée par les politiques, se construit jour après jour grâce à de courageuses initiatives associatives. Alors, « aller chercher la thune là où elle est » comme l’explique Stéphane Sarpaux, le directeur du OFF, est-ce un mal, d’autant plus si c’est pour mener à bien un projet « vraiment alternatif, et pas juste une fête » ? Une communication réussie autour de ce projet, quitte à être victime de son succès (cf. le Banquet de Platon), doit-elle réduire à néant toutes les autres dimensions du OFF — et notamment l’implication (bénévole) dont fait preuve son équipe depuis plusieurs années maintenant ?
Et que dire de ces confrères qui ont regretté le manque de subversion du OFF tout en se gargarisant de la réussite populaire du week-end d’ouverture officielle à coups de « Merci ! » et de « Hourra ! ». Poussant la mauvaise foi jusqu’à reprocher au OFF sa relative misogynie (LOL). Mais défendant becs et ongles MP 2013 face à cette presse nationale « marseillophobe » qui n’avait pas eu l’heur de goûter au premier week-end « capital ». Certes, la ferveur populaire et l’ambiance bon enfant du grand raout inaugural ont fait plaisir à voir et à ressentir, mais reconnaissons que l’événement — et son organisation, parfois calamiteuse — n’a pas été à la hauteur de nos attentes. Celui du OFF (Banquet et Camping à la Friche) non plus, du moins pas pour tout le monde. Mais il s’est passé quelque chose. Une envie, une promesse. Alors à notre tour on peut le dire : merci !

CC

 

(1) Même si la somme obtenue du Conseil général et de la Région équivaut à moins de 0,1 % du budget global du In… Le OFF a en effet reçu 80 000 euros de ces deux institutions (et 200 000 euros de la BPPC). Une goutte d’eau dans le budget pharaonique de MP 2013 (91 millions d’euros, financé en grande partie par de l’argent public)