Le Voyage de Penazar à la Cartonnerie

Le Voyage de Penazar à la Cartonnerie

Le-Voyage-de-Penazar.jpg

Libre Entreprise

Cela fait maintenant sept ans que la compagnie L’Entreprise s’est associée au Théâtre Massalia et à Système Friche Théâtre dans un projet de « permanence ». A l’occasion du dixième anniversaire de la pièce Le voyage de Penazar, son créateur, François Cervantes, revient sur cette aventure et les difficultés rencontrées.

En 2004, la compagnie L’Entreprise posait ses valises à la Friche Belle de Mai. « J’avais l’envie d’un nouveau fonctionnement pour la compagnie, de ne plus être nomade, de ne plus aller de ville en ville sans créer de liens avec le public », explique François Cervantes. L’idée séduit Philippe Foulquié, directeur du théâtre Massalia et à l’époque, également directeur de la Friche. Une convention est donc signée entre la compagnie, le théâtre et l’association Système Friche Théâtre (SFT). Le projet de la permanence commence. « Le but de cette expérience unique est de réinscrire l’art dans la vie de tous les jours et de retrouver un vrai rapport avec le public, de permettre aux gens de revenir voir un spectacle plusieurs fois et de connaître les acteurs grâce à des périodes de représentations plus longues et au même endroit. Ce qu’on voudrait, c’est une sorte de maison-théâtre.» Une initiative risquée au niveau économique puisque durant ces périodes « sédentaires » à la Friche, la compagnie ne se fait pas produire, ne vend pas son spectacle. « Massalia et l’association nous fournissent des aides logistiques et fonctionnelles et en contrepartie, on fournit des représentations sans qu’il y ait de contrats d’achat entre le théâtre et nous. Ça nous fragilise forcément un peu d’un point de vue économique, mais cela permet aussi de baisser le prix des places et de gagner en liberté dans nos rapports avec le public. » Sept ans après, le constat s’avère mitigé : malgré un bilan artistique très concluant, L’Entreprise connaît hélas la crise. « Le projet fonctionne au niveau humain. On a une vraie complicité avec le public et avec les autres compagnies de la Friche. C’est une expérience à long terme que l’on souhaite poursuivre. » Seul (gros) point noir dans cette organisation : le manque de financement. Assez ironiquement, les différentes tutelles applaudissent l’initiative, mais n’ont pas encore attribué de financement. « Nous n’avons pas encore trouvé notre équilibre économique et même si Massalia nous soutient, ses moyens n’ont pas bougé depuis sept ans. On arrive à une période critique. Il nous faut un lieu et un vrai budget. » Et Marseille Provence 2013 dans tout ça ? « On ne sait pas encore comment ça va se passer, c’est assez flou. On aimerait un accompagnement, une reconnaissance pour le travail fait ici. Mais pour l’instant, il y a des frictions et les concertations ne sont pas assez régulières ni assez poussées pour aboutir à quoi que ce soit. » Malgré ces difficultés, la compagnie L’Entreprise continue de créer. Jusqu’à quand ?

Texte : Aileen Orain
Photo : Agnès Libbra

Le Voyage de Penazar : du 8 au 26/03 à la Cartonnerie (Friche La Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e). Rens. Théâtre Massalia : 04 95 04 95 70 / www.theatremassalia.com