Le Retrogaming Show au Dock des Suds

La big bande

 

Grand gourou visionnaire, dénicheur d’ordinosaures, archéologue du futur… L’ineffable Archeopterix vous propose de comprendre comment tout a commencé grâce à Origine, point d’orgue de la troisième édition de son festival dédié au retrogaming et aux arts associés : le Retrogaming Show.

 

« C’est une histoire de détournement et de culture libre, un pied de nez à la société marchande et une invitation à se poser des questions sur l’ère numérique dans laquelle nous vivonsParticiper, débattre, échanger les savoirs et les connaissances, diffuser et partager librement la culture sont des aspects caractéristiques que l’on retrouvait, je pense, dans le mouvement punk originel, les débuts du hip-hop ou la première vague de free parties. Et que l’on retrouve également à l’ère du numérique dans la culture du libre, dans la micromusic, comme dans une multitude d’autres mouvements alternatifs actuels. » Ainsi, en ces pages, le musicien et artiste multimédia (originaire du Vaucluse) Jankenpopp proposait sa définition de la micromusic (musique composée à partir de vieilles consoles de jeux vidéo et autres ordinateurs obsolètes).

Car au-delà des mélodies, il s’agit bien de tout un mouvement, qui prit racine en Europe du Nord et descendit dans le Sud de la France il y a de ça un petit moment, propulsant Marseille — une ville qui pèche pourtant encore en matière d’effectifs de compositeurs de musiques électroniques — dans la danse des avant-gardes.

Jouer libre
Ne nous y méprenons pas : la culture 8bit et le pixel art ne peuvent aucunement être apparentés aux créatures de post-it qui ornent, ici et là, les fenêtres des employés de bureau. Il ne s’agit pas non plus d’un revival. A l’heure où le virtuel partage quasiment le moindre de nos gestes, où la culture pop s’examine dans le miroir, les mouvements retrogaming et micromusic exorcisent le rétro et proposent, soyons fou, une réflexion sur l’avenir. Pour mieux la comprendre, il convient par contre de regarder en arrière.

Apprendre en s’amusant, c’est quelque part ce que propose Julien Meaux Saint Marc à travers son festival : deux jours d’immersion au cœur d’une exposition muséographique de plus de cent consoles vintage et autres bornes d’arcades en free play mais aussi, en amont, une résidence d’artistes et une grande soirée consacrée aux enfants de cette culture impie qu’est le piratage numérique.
Composer sur Gameboy, par exemple, sous-entend d’utiliser des logiciels créés par des passionnés sans la licence Nintendo. Composer sur Gameboy, toujours, sous-entend aussi de dévoiler (avec les yeux étincelants d’un enfant à Noël) autour de soi ses dernières trouvailles.

Hippies 2.0
Voilà pourquoi l’on retrouve forcément, chez les artistes 8bit, les traits libertaires des premiers instants d’Internet : pas de propriété, pas de codes d’accès, mais des interactions et du plaisir ensemble. Les activistes comme Jankenpopp programmés lors de la grande soirée Origine témoignent de cet état d’esprit. Que ce soit Zombectro, Walid 2080, Dubmood, Je Deviens Dj en Trois Jours (on vous laisse le soin de vous pencher sur leur musique)… tous font partie, de plus ou moins loin, à un milieu qui met tout le monde au même plan. Auditeurs et compositeurs expérimentant la même entité, indéfinie par nature : la micromusic est une approche, elle n’est aucunement un genre.

Vous aurez donc deux jours. Deux jours pour défier les Usain Bolt de Mario Kart et autres Mozart sur Street Fighter 2, revoir vos acquis et préjugés, démonter vos jouets pour en faire des instruments, vous déguiser, apprendre à faire de la musique en compagnie de stars de l’ombre… Et, probablement, poser votre pierre à l’édifice de la grande culture digitale.

Jordan Saïsset

 

Le Retrogaming Show, le 1er et le 2 au Dock des Suds (12 rue Urbain V, 2e).
Rens.www.leretrogamingshow.fr*