ExpéKa Trio © Nicolas Mollé

Le festival Kadans Caraïbe

Y’a Kadansé

 

Porté par l’association Mamanthé en collaboration avec la Cité de la Musique et l’Espace Julien, le festival Kadans Caraïbe nous plonge dans les racines culturelles guadeloupéennes sous le signe du tambour Ka. En filigrane de la manifestation, la créolisation, thème qui « symbolise la notion de relation, les interactions humaines et le vivre ensemble », comme l’explique Mona Georgelin, la présidente de l’association.

 

Mamanthé pulse tout au long de l’année, proposant notamment des activités socioculturelles telles que les « Ateliers solidaires », des ateliers de danse pour des personnes en difficulté.

L’idée du festival a germé en 2012, avec pour objectif la promotion des expressions culturelles issues des îles caribéennes. Mamanthé a placé la septième édition sous le signe du tambour Ka et a soigneusement sélectionné quelques projets.

Un moment de réflexion sur le thème « Arts et émancipation » sera proposé le 18 mai, animé par le journaliste Stéphane Galland et Gary Mampiono. Détaillant comment les orientations, les démarches et les discours inhérents à l’acte artistique peuvent être des armes pour s’émanciper, cette table ronde sera suivie d’un concert d’ExpéKa Trio. Réunissant Casey, Célia Wa et Sonny Troupé, le trio ravive la flamme de la critique sociale grâce au rap de Casey et à la voix de Célia Wa, flûtiste et chanteuse engagée, partie prenante de la nouvelle génération « Soul & Ka ».

Mais le festival Kadans Caraïbe, c’est aussi une présentation d’expressions musicales, de danses et de mots slamés ou chantés sur la souffrance provoquée par l’esclavage dans les îles de Guadeloupe (officiellement aboli en 1848), ballotées entre les colons espagnols, anglais et français. Inscrit par l’UNESCO au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2014, le Gwoka a toujours accompagné la rébellion, notamment sur l’île de Karukera. Pour des raisons sans doute liées aux brassages incessants dans les Caraïbes durant des siècles, ce tambour ressemble étrangement à ceux utilisés dans la Tumba Francesa cubaine. Il est fabriqué en bois, initialement récupéré des tonneaux de salaison, de vin, d’huile et autres denrées que transportaient les colons venus d’Europe. Il parait que certains joueurs de Ka franchissent des milliers de kilomètres pour se fournir en barils de vin dans la région bordelaise, pour la bonne raison qu’ils sont fabriqués en chêne et résonnent différemment. Une chose est sûre : il chaloupe et vous prend aux tripes !

En concert le 11 mai à l’Espace Julien, 7 Son @ To développe un Gwoka traditionnel, mais avec une interprétation résolument jeune et contemporaine. Le groupe met en valeur la tradition des tambours tels que le Boula, au son grave, qui marque la mesure et donne le rythme de base, et le Maké, un tambour soliste. Pour les accompagner, les musiciens jouent des chachas, à savoir des calebasses vidées et séchées puis remplies de graines. « Nous chantons ce que nous vivons », déclare le chanteur Djòkael Meri. Autre concert remarquable à retenir : celui de Sonny Troupé quartet ADD 2, Reflets Denses, qui se frotte aux influences de l’électro, du metal et du jazz, tout en gardant les sept rythmes du Gwoka. Sonny a glané ses influences lors de tournées mondiales aux côtés de Kenny Garrett, Lisa Simone ou bien Daby Touré, entre autres pointures.

Pour les amateurs de danse qui chercheraient à provoquer le Maké, Mamanthé organise un stage dirigé par Kenrich Shitalou, bercé par le Gwoka dès l’enfance, qui saura vous initier à ses mouvements gracieux et néanmoins vifs. Préoccupé par la transmission et la réflexion sur le thème de la migration, Mamanthé accueille aussi du théâtre, avec Les Raisons d’un retour au pays natal de la compagnie Mémoires Vives. Un récit initiatique qui trouvera sans doute un grand écho chez beaucoup d’enfants issus de l’immigration et résidant dans la cité phocéenne…

 

Cathy Moreau

 

Kadans Caraïbe : du 11 au 18/05 à Marseille.

Rens. : https://kadans-caraibe.com