Le festival Jazz à Saint-Rémy

Excellium

Saint-Rémy renoue avec son festival de jazz en cette fin d’été. La programmation ouvre grand les frontières des notes bleues, avec des têtes d’affiche d’excellence, du 15 au 18 septembre.

 

Ainsi de la présence de Natacha Atlas : la belgo-égyptienne basée à Londres, star emblématique d’un global mix arabisant depuis l’époque de Transglobal Underground, s’est prise de passion pour le jazz depuis quelques années. Elle vient défendre son opus Strange Days, à la tête d’un sextet qui promet. Sa rage de faire vivre un chant en arabe, qui lui vaut encore des déboires dans un Occident confit dans le racisme, n’obère pas sa capacité à laisser se dérouler de belles plages d’improvisation. Elle est quelque part la précurseuse du London Jazz 2.0.

Le trompettiste bugliste sarde Paolo Fresu aura à cœur de faire revivre la force émotionnelle de Chet Baker, à la tête d’un trio sans batterie (comme son prédécesseur dans les années 80). Gageons que ses engagements écologistes conféreront au groupe un son confondant de naturel.

Enfin, pour le dernier soir, place au Maître. Légende vivante du jazz, Ron Carter, le contrebassiste aux 2500 albums et des poussières, qui joua, entre autres, avec Miles, se produira sur la scène de l’Alpillium avec son Foursight Quartet. La formule magique du groupe emprunte aux codes de la symphonie (belle revanche pour celui qui fut refusé par l’orchestre symphonique de Boston aux débuts de sa carrière professionnelle il y a une soixantaine d’années parce que noir) pour mieux les déconstruire en suivant les chemins débridés de l’improvisation collective. Ses créatures s’en ravissent d’avance.

Le festival, ce sont aussi des à-côté appétissants, avec des expositions d’exception (S. Gordon Harwood, photographe canadien…), des déjeuners, dîners et apéro-concerts avec des formations locales, dans des restos et bistrots ou sur les sites archéologiques à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, avec notamment les Swing Pistols (dont on se doute qu’ils ne s’en battent pas les c…) ou encore une programmation pédagogique (concert du quartet du contrebassiste Pierre-François Maurin au lycée agricole).

Un « agir local » qui se combine parfaitement avec un « penser global » : la manifestation saint-rémoise renoue ainsi avec les principes originels du développement durable, avant que celui-ci ne devienne un prétexte du capitalocène…

 

Laurent Dussutour

 

 

Jazz à Saint-Rémy : du 15 au 18/09 à l’Alpilium (Saint-Rémy de Provence).

Rens. : https://www.jazzasaintremy.fr

Le programme complet de Jazz à Saint-Rémy