Le Festival International de Mode et de Photographie

Le Festival International de Mode et de Photographie

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L’image sous toutes ses coutures

Entre esthétiques et concepts, l’éclectisme est à nouveau au rendez-vous du vingt-septième Festival International de Mode et de Photographie de Hyères. La partie exposition mérite notamment le détour… du regard.

Avec un évènement sur trois jours et des expositions s’étalant sur un mois, la temporalité du Festival International de la Mode et de la Photographie est à l’image de ce qu’évoque l’art : un mélange d’instantanéité visuelle et de pérennité mémorielle. Plus précisément, et avec une analogie politique de saison, la sélection photographique oscille entre différents partis (pris), du conceptuel à l’esthétisme et du réel au virtuel. Avec Richard Kolker et ses espaces abandonnés qui abritent des objets en 3D, la frontière entre réel et virtuel se fait floue, tandis qu’elle est bien nette chez Jessica Eaton. Ses abstractions géométriques et colorées se jouent de nos perceptions, comme le fait Brea Souders avec ses manipulations d’objets, de couleurs et de membres humains, pour nous rappeler que le monde est fait d’oppositions et de superpositions de formes. Il n’est d’ailleurs pas anodin que sa série de photos s’intitule Counterforms. L’assemblage de formes est aussi la marque de fabrique d’Akira Somekawa dans sa série Houescapes où la lettre “s” semble s’être échappée tout comme les portions de maisons en milieu rural regroupées en puzzles. L’ancrage dans le réel est bien plus direct chez Yasuyuki Takagi et Hanna Putz. Le premier décline en effet un état sauvage et chaotique entre envahissement d’espaces urbains et forêts japonaises de conte de fée, et la deuxième retranscrit avec finesse une nature, humaine et cette fois-ci apaisée, en dépit d’adultes nus partageant l’image avec des enfants. Mais le virtuel n’est jamais loin, qu’il s’agisse d’objets de rituels personnifiés par des Guinéens emmaillotés de textures et de couleurs (Namsa Leuba), ou de nuages de points humains sur fonds noirs rappelant l’univers de Matrix (Manuel Vasquez). A l’image d’Olga Cafiero, qui alterne machines et animaux dans une incroyable collection de lignes droites ou libres, le sous-sol de la Villa Noailles est devenu cette année un véritable cabinet de curiosités photographiques. Quand on ajoute à cela les étages supérieurs dédiés à la mode et l’architecture avant-gardiste des lieux, une escapade hyéroise paraît inévitable.

Texte : Guillaume Arias
Photo : Isabelle Antheaume

Le Festival International de Mode et de Photographie s’est déroulé du 27 au 30/04. Expositions jusqu’au 26/05 à la Villa Noailles (Montée de Noailles, Hyères, 83).
Rens. 04 98 08 01 98 / www.villanoailles-hyeres.com