Le Festival international de Mode et de Photographie à la Villa Noailles

Photosmagorique

 

La vingt-huitième édition du Festival international de Mode et de Photographie est le reflet de futurs possibles à travers l’inspiration des couturiers et photographes de demain. Ces derniers nous convient aujourd’hui à un voyage au centre de notre cerveau.

C’est une véritable leçon d’imagination qui nous est donnée par les artistes en compétition. Tout part de notre cerveau avec Emile Barret. L’artiste relie nos neurones par une encyclopédie de couleurs, d’os et de matière grise qu’un opiomane ne renierait pas. Face à ce cabinet de curiosités géant, nous devons traiter les images séquentiellement tout en préservant une vision d’ensemble. Croyant contempler un brillant délire, nous nous retrouvons finalement avec une définition du fonctionnement du cerveau humain. Avec les autres photographes exposés, des synapses artistiques vont se créer. Certains se concentrent sur la réalité présente, passée ou reconstruite. Ici, les vraies histoires de prières sans parole de Dominic Haywood. Là, des souvenirs d’enfance rougeâtres et fruités de David Favrod. Le Grec Petros Efstathiadis a, quant à lui, choisi de nous parler de son pays en crise via la reconstruction de cette réalité dramatique. Des scènes sont échafaudées à partir de simples objets du quotidien assemblés et photographiés dans le village de son enfance. Mais la majeure partie des artistes ont quitté la réalité pour nous transporter dans un ailleurs hors du cadre. Dans l’espace peut-être, avec les photos propres et clichés pris sur Internet imprimés en constellations par Grace Kim, ou les objets superposés de Peter Puklus, qui forment des étoiles d’idées. Superposition aussi chez Eva Stenram, qui prolonge numériquement les tissus par les membres de pin-ups pour mieux titiller la curiosité du spectateur sur l’identité de ces femmes cachées. Le spectateur peut alors rêver les yeux grand ouverts. Le cauchemar n’est toutefois jamais loin, nous prévient Anna Orlowska. Ses jeux d’ombres et de lividité, qui ne laissent place à la couleur que pour des photographies inquiétantes d’un bébé abandonné sur un arbre ou d’une tête de cerf mort surgissant à moitié d’une fontaine, resteront longtemps dans nos mémoires. Quelques artistes hors compétition prolongent d’ailleurs l’excitation de notre imagination, comme Felipe Oliveira Baptista et son arbre-machine à photos ou Pierre Debusshere, dont la peinture déforme les visages et l’encre fait tourner les têtes. Il aura donc fallu descendre au sous-sol de la Villa Noailles pour faire remonter à notre conscience une pléthore d’images à cultiver en étages.

Guillaume Arias

 

Le Festival international de Mode et de Photographie s’est déroulé du 26 au 29/04. Expositions photos : jusqu’au 26/05 à la Villa Noailles (Montée de Noailles, Hyères).

Rens. 04 98 08 01 98 / www.villanoailles-hyeres.com