Le dernier jour du jeu?ne © Raphael Arnaud

Le Dernier Jour du jeûne de Simon Abkarian

Quartier libre

 

Avec sa « tragi-comédie de quartier » Le Dernier Jour du jeûne, Simon Abkarian réussit le tour de force de nous remuer les tripes tout en nous faisant rire à gorge déployée.

 

Comédien de théâtre inspiré, acteur de cinéma charismatique (le méchant de Casino Royale, c’est lui), Simon Abkarian est aussi un metteur en scène reconnu, à défaut d’être connu.
Le Dernier Jour du jeûne est le second volet d’un cycle commencé avec Pénélope, ô Pénélope, unanimement salué en 2008. Soit l’histoire d’une famille méridionale haute en couleur, évoquant les tragédies et comédies antiques tout en s’inscrivant dans l’histoire contemporaine.
Les femmes sont au centre du théâtre d’Abkarian. A commencer par la (déesse) mère, Nouritsa (Ariane Ascaride), qui mène sa barque et sa famille. Autour d’elle s’agitent la tante Sandra, vieille fille émancipée et un peu cinglée campée avec brio par Judith Magre, les deux filles Zéla et Astrig, à l’opposé l’une de l’autre, entre tradition et modernité, le fils ado Elias et enfin le patriarche, Théos. Mais dans ce quartier vivent également le boucher Minos et sa fille Sophia, qui préparent avec soin les commandes du dernier jour du jeûne, la voisine Vava aux commérages acérés et son fils Aris amoureux éperdu de Zéla, et enfin le bien nommé Xenos, étranger énigmatique et inquiétant.
Le texte oscille entre tirades poétiques et gouaille marseillaise, collant au plus près de la vie de quartier. Ça parle fort, ça s’interpelle, ça s’insulte, ça s’aime et ça se déteste, ça rit et ça cancane à tort et à raison. La tradition et les promesses vont-elles tenir face au monde actuel ? Les liens de sang et les liens d’amour, entre passion et rivalité, ont bien du mal à ne pas se briser. Le décor tourne et virevolte comme les sentiments.
C’est sucré comme un gâteau le dernier jour du jeûne, amer comme un fruit cueilli trop tôt et salé comme les gifles données à un fils par sa mère.
C’est tout simplement sublime, humain et fraternel… comme le pain quotidien.

Pascale Arnichand

 

Le Dernier Jour du jeûne était présenté du 24 au 28/09 au Théâtre du Gymnase (Marseille).

Prochaine représentation : le 12/10 au Théâtre de l’Olivier (Boulevard Léon Blum, Istres).
Rens. 04 42 55 24 77 / www.scenesetcines.fr