En pleine période post-néoréaliste, à savoir la fin des années 60, Antonioni signe un film rude, d’une beauté pure et blafarde, balayé par cette éternelle solitude chère au cinéaste. Le cri est la déambulation d’un homme, ses errances, ancrées dans la réalité tant économique que sociale de l’époque. Aldo, ouvrier, se sépare de sa compagne et part sur les routes avec sa fille. Le film sera une série de rencontres amoureuses désolées, dont Aldo semble lui-même étranger. Plus qu’un homme fragilisé, c’est l’image d’un pays qui se dessine à l’écran. Un pays qui, selon Antonioni, ne savait plus, une décade après la guerre, où trouver ses repères, ses marques. Le silence du film vient se mêler aux paysages particulièrement déserts dans lesquels évoluent les personnages. Une œuvre maîtresse.