Laurent Perbos au Centre d’Art Contemporain d’Istres & à la VIP Art galerie

Laurent Perbos au Centre d’Art Contemporain d’Istres & à la VIP Art galerie

La traversée des apparences

Rentrée sportive pour Laurent Perbos, à qui le Centre d’Art Contemporain d’Istres consacre une exposition monographique dans laquelle on peut voir ses dernières pièces, et que l’on retrouve aussi à la VIP Art galerie pour une exposition plus confidentielle, mais qui donne envie d’en voir un peu plus…

Laurent-Perbos.jpgAu premier coup d’œil, des sculptures anthropomorphiques évoquent quelque chose de familier sans que l’on puisse le définir avec certitude… Notre première impression, dans une exposition de Laurent Perbos, est celle d’un plaisir esthétique certain. Depuis ses premières pièces, le plasticien ne déroge pas au traitement de la forme — qui ne prévaut cependant pas sur le propos de ses sculptures — et de la matière comme une fin en soi, une finalité plastique. Caractérisées par une harmonie des proportions, un souci des qualités plastiques intrinsèques aux matières qu’il utilise et une charte de couleurs pop acidulées rappelant celles utilisées par l’industrie du jouet, ses œuvres s’inscrivent dans la pure tradition de l’assemblage, largement utilisé par les nouveaux réalistes. Cette démarche artistique « qui ne boude pas son plaisir » assume son côté esthétisant parce qu’elle ne se limite pas à cela. Et quand bien même ses sculptures ne raconteraient rien d’autre, le plaisir esthétique serait déjà une expérience suffisante, car il est autant une expérience de l’art qu’une expérience de soi-même… Mais le recours à l’assemblage préconise l’utilisation d’objets existants pour rendre la réalité de leur temps. L’artiste opère ainsi un curieux mélange entre le réel et le merveilleux, entre les objets du quotidien et les références au mythe, à la fable. Laurent Perbos utilise l’objet comme un élément de composition de base, une sorte de vocabulaire plastique. Héritier du ready-made, il réutilise un objet manufacturé (tuyau d’arrosage, balle de tennis…) pour lui imposer une nouvelle finalité. Ainsi, ce n’est pas seulement la forme qui se retrouve au service d’autre chose, mais la place que l’objet occupait dans l’inconscient collectif populaire.
L’exposition du Centre d’Art d’Istres, Tout l’univers, est construite comme un conte initiatique. Le héros (le regardeur) part à la rencontre de personnages charismatiques… On évolue dans un monde imaginaire, dans lequel les objets prennent vie grâce au contre-emploi que l’artiste leur inflige. Il utilise des images symboliques ou allégoriques comme l’arc-en-ciel, l’arbre, ou un personnage mythologique et leur invente une histoire. C’est cette histoire qui implique un sentiment et de fait opère une personnification du sujet. L’artiste joue sur des idées, sur des représentations… Il utilise des procédés littéraires ou poétiques, comme l’oxymore, la métaphore et crée des images ambivalentes aussi bien mentales que visuelles. La chute des éléments en est l’un des exemples le plus poétique : l’arc-en-ciel, pont entre l’homme et dieu, a chu et s’est brisé, comme pour évoquer nos illusions perdues…

Texte : Céline Ghisleri
Photo : Caroline Chevalier, mission promotion et communication Ouest Provence

Sans titre : jusqu’au 13/10 à la VIP Art Galerie (66 rue Grignan, 6e). Rens. 04 91 55 00 11 / www.vip-art-galerie.com
Tout l’univers : jusqu’au 13/11 au Centre d’art contemporain Intercommunal (2 rue Alphonse Daudet, Istres). Rens. 04 42 55 17 10