Latcho Divano, festival des cultures tsiganes

Latcho Divano, festival des cultures tsiganes

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Tous les chemins mènent aux Roms

Ils se déplacent avec des poussettes, proposent leurs services sur les marchés et disent lire dans la main que nous ne tendons pas vers eux aux feux rouges. Mais, en dehors de ces clichés et des quelques (bons) films de Tony Gatlif, que savons-nous des Roms ? Comment vivent-ils au quotidien, et surtout dans une société qui les rejette de plus en plus fréquemment ? Latcho Divano nous offre un début de réponse et l’occasion d’en découvrir davantage sur ceux qu’on voit mais qu’on n’ose pas toujours regarder.

Avec pour point d’orgue le quarantième anniversaire de la Journée internationale des Roms, Romano Dives (le 8 avril), la quatrième édition du festival des cultures tsiganes propose un panorama pluridisciplinaire pour se familiariser avec la culture rom, des conférences aux concerts, en passant par des expositions et des projections. L’équipe de Latcho Divano préfère en effet sonner le tocsin plutôt que le glas d’une culture hélas bien mal accueillie sur « nos terres », tout particulièrement depuis l’été de la honte.
Menée tambour battant par l’infatigable Laurence Janner, fondatrice du Badaboum Théâtre, la programmation s’étirera sur deux semaines, d’une conférence éminemment pertinente pendant Babel Med (voir L’événement) à une clôture en fanfare. Temps fort du festival, le Taraf de Haidouks, en formation quintette, promet un delirium tremens à l’Espace Julien. On se laissera aussi porter par les notes festives de Davaï !, du Trio Romano et de la Fanfare Vagabontu. Mais tout n’est pas que musique et fête dans la culture tsigane, la dimension politique articulée à l’artistique étant bien au fondement du projet. Des stages (langue, danse, chant) donneront aussi les outils d’appropriation de cette culture, tout comme l’inauguration d’un centre de ressources à la Maison méditerranéenne des Droits de l’Homme. Ne se contentant pas de dresser un état des lieux de la création artistique rom, les expositions permettront de susciter la réflexion citoyenne sur la présence tsigane en France — ou plutôt son exclusion —, notamment via les photographies de Pierre Louapre. Enfin, la tradition orale étant évidemment d’une importance centrale dans la culture rom, des contes pour enfants au Badaboum et pour adultes à la Baleine qui dit Vagues promettent, avec les Lecturbulences en musique des textes d’Alexandre Romanès (qui parraine le festival), de faire de cette manifestation une occasion festive, mais aussi instructive et militante, de mettre à l’honneur ceux à qui l’on aimerait, pour une fois, souhaiter la bonne aventure…

Texte : Joanna Selvidès
Photo : Contes Tziganes par la Compagnie du Chameau

Latcho Divano, festival des cultures tsiganes : du 24/03 au 9/04 à Marseille.
Rens. 09 52 72 89 28 / www.latcho-divano.com