Cigán de Martin Šulík

Latcho Divano

La route des Roms

 

La septième édition du festival Latcho Divano consacré aux cultures tsiganes propose un moment festif et militant sur le pavé marseillais, venant apporter un éclairage averti sur des peuples souvent stigmatisés.

 

« Faire découvrir les cultures roms et briser les préjugés, les raccourcis. » Pour Yann Zurawczak, de l’équipe de Latcho Divano, l’objectif est clair. Gitans, Tsiganes, Manouches… ou plus simplement Roms, selon le terme choisi par l’Union romani internationale en 1971, la variété des appellations reflète bien la diversité de ces populations. Arrivés d’Inde il y a plusieurs siècles, dix à douze millions d’entre eux vivent aujourd’hui en Europe. Et pour la septième année consécutive, une bande de bénévoles, passionnés et militants, leur consacre un festival dans différents lieux de Marseille. Une alternance de temps festifs et de moments de réflexion pour « porter le débat sur la voie publi que, faire partager les luttes et les témoignages, avec l’ambition de sensibiliser un public toujours plus large. » Voilà le sens de Latcho Divano (« le bel échange » en langue romani).
« A l’origine, il y a un voyage à Punjesti, en Moldavie roumaine, où j’ai fait la connaissance de Ghiorgitsa Iorga, le chef de file d’une fanfare vagabonde », explique Nicolas Hans-Martin, réalisateur et co-fondateur du festival. Un été, une rencontre, ce « bel échange » et naît l’idée « légère » d’organiser un festival pour faire connaître la richesse des cultures tsiganes. Mais très vite, « dans un contexte de terreur » et face aux préjugés, l’événement devient pluridisciplinaire et occupe le terrain militant, avec notamment la participation de Rencontres tsiganes, l’association de défense des droits des Roms en région Paca. « Il faut désethniciser la question tsigane, montrer les spécificités tout en mettant en avant les droits communs que nous partageons tous : leur histoire, c’est la nôtre, leurs problématiques sont les nôtres », argumente Nicolas Hans-Martin. Les thèmes du festival s’inscrivent donc dans cette ligne : féminisme, homosexualité, éducation, engagement politique, artistique… Autant de sujets qui concernent aussi bien « gadjé » que Manouches.
Point fort de la quinzaine : le 8 avril à l’occasion de la 43e Journée internationale des Roms (Romano Dives). De 15h à 22h, le square Léon Blum sera LE lieu pour s’imprégner de l’atmosphère et comprendre les cultures roms dans leur diversité. Village associatif, théâtre, buffet de spécialités tsiganes et concerts du Balkart Band et du Balamouk Orchestra. Un vrai « bordel festif » qui mélange musiques traditionnelles et tsiganes de Moldavie, de Bulgarie, des Balkans et de Turquie. De quoi clôturer deux semaines de festival en fanfare !

Baptistin Vuillemot

 

Latcho Divano : jusqu’au 20/04 à Marseille.
Rens. 09 52 72 89 28 / 06 58 01 03 94 / www.latcho-divano.com

 

Les Diseuses de Bellaventür

Les Diseuses de Bellaventür

 

L’école et les Roms

 

Le festival a débuté mardi 25 mars, avec l’ouverture de L’Ecole en couleurs au Badaboum Théâtre, dirigé par la co-fondatrice du festival, Laurence Janner. Une exposition rassemblant des productions d’enfants, de parents et d’enseignants, comme autant de témoignages d’une situation critique : en France, 10 % seulement des enfants roms sont scolarisés. « Comment envoyer ses enfants à l’école quand on ne sait pas si l’on va retrouver le camp au retour ? », questionne Marie Delahousse, organisatrice de l’exposition. Selon elle, « il existe des freins concrets à la scolarisation : les expulsions, les problèmes de santé, les tracasseries administratives. A l’arrivée les enfants sont victimes d’une double exclusion. » En témoignera la carte retraçant le chemin d’une famille au fil des expulsions. Pourtant, « certains parents d’élèves se mobilisent contre l’entrée des Roms à l’école, s’indigne-t-elle. C’est plutôt l’école qui doit bouger pour ne laisser personne de côté. » Finalement, l’exposition met en lumière l’éducation comme un des leviers pour changer le destin des Roms vivant dans les camps. Elle se poursuivra jusqu’au 15 avril, au-delà de la clôture du festival.

BV

 

L’Ecole en couleurs : jusqu’au 15/04 au Badaboum Théâtre (16 Quai de Rive-Neuve, 7e).
Rens. 04 91 54 40 71 / www.badaboum-theatre.com

La programmation jour par jour du festival Latcho Divano ici