La tournée des festivals - jazz et musique du monde

La tournée des festivals – jazz et musique du monde

Dans la région, la saison estivale est une période féconde pour les amateurs de jazz et de musiques du monde. Très nombreux sur ce créneau, les festivals regorgent donc d’astuces pour se faire leur place au soleil…

Summertime

Dans la région, la saison estivale est une période féconde pour les amateurs de jazz et de musiques du monde. Très nombreux sur ce créneau, les festivals regorgent donc d’astuces pour se faire leur place au soleil…

Si la scène locale regorge de musiciens talentueux et se renouvelle beaucoup ces temps-ci, on ne peut pas dire que Marseille, tout au long de la saison « scolaire », vive au rythme du jazz. Ici, il n’y a guère que le Cri du Port (travail remarquable), le Pelle-Mêle et, non loin d’ici, l’équipe de Charlie Free à Vitrolles, pour donner un peu d’écho à une note bleue qui, c’est semble-t-il sa spécificité, ne paraît jamais résonner aussi bien qu’en plein air. Dont acte : le Charlie Jazz Festival, organisé par les derniers nommés, lance début juillet une saison estivale encore une fois très riche en manifestations du cru. Et de belle manière : en fêtant son dixième anniversaire avec plusieurs têtes d’affiche (Richard Galliano Tangaria Quartet, Art Ensemble of Chicago, Vienna Art Orchestra) et un souci constant de convivialité (des fanfares aussi festives qu’inspirées introduisent chaque soirée). On touche là l’une des équations majeures à résoudre pour tout événement digne de ce nom : toucher un public plus large que celui des seuls initiés. Pour ce faire, trois options. D’abord, la gratuité : à Toulon comme à Salon, les festivals en présence misent sur un large panel d’artistes régionaux, à découvrir selon un circuit établi sur quelques points stratégiques du centre-ville. Il y a parfois même des pointures… et quelques différences notables : la dernière incarnation du Gipsy Project de Biréli Lagrène (avec notamment André Ceccarelli) s’offre par exemple à tous à Toulon… mais pas à Salon (où il est aussi programmé). Ensuite, le cadre : ceux qui ont déjà mis les pieds à Porquerolles connaissent toute la beauté sauvage de ce site préservé… Dès lors, s’y rendre pour écouter Archie Shepp, Riccardo Del Fra ou le trio Romano/Sclavis/Texier prend une toute autre dimension. Idem pour cette institution qu’est Jazz à Juan : la Pinède Gould est un écrin de choix pour apprécier à leur juste valeur, cette année, les sommités que sont Roy Hargrove, E.S.T ou le fameux trio Jarrett/Peacock/DeJohnette… Mais nul besoin d’aller aussi loin pour trouver du « lourd » : Ron Carter et Dee Dee Bridgewater (nouveau projet puisé dans ses origines maliennes) sont à l’affiche du festival Jazz des 5 Continents, qui a la bonne idée d’ouvrir sa programmation au grand Abd Al Malik (ce garçon joue quand même avec Laurent de Wilde : ça ne risque pas d’arriver à Grand Corps Malade). Ce qui nous amène à la troisième et dernière option : ratisser large. Une devise que Jazz à Nice à depuis longtemps fait sienne, en puisant à la source des musiques noires (Isaac Hayes, Sly Stone : bien !) comme en allant taper dans la variété mainstream (Laurent Voulzy : pas bien !). Bref, « l’ouverture » n’est décidément pas un concept à manier à la légère… à moins d’appréhender celle-ci à la source : celle des « musiques du monde », cette Appellation Occidentalo Centrée. De ce côté-là, les festivals sont également nombreux à fleurir. Il y a les grands classiques, ceux que leur réputation précède : ainsi des Nuits du Sud (Vence), qui fêtent cette année leurs dix bougies avec une programmation de choix (Touré Kunda, Rokia Traoré, Seun Kuti, Cesaria Evora…), et des Suds à Arles, où la ville se met chaque année au diapason de l’événement (stages et concerts gratuits) en marge d’une sélection « officielle » irréprochable (Vertiges : la dernière création grandiose de Tony Gatlif en ouverture). Et puis il y a les plus petits, qui trouvent toujours un moyen d’exister : en se spécialisant (le Festival Cubain de la Seyne-sur-Mer : pointu et pas cher), en jouant la carte – forcément très en vogue – du « roots » option bio (Yankadi à Sausset-les-Pins), ou en tablant sur son expérience pour proposer chaque année quelque chose d’un peu mieux… C’est le cas du Zik Zac Estival, qui fête lui aussi ses dix ans avec une affiche formidable, pleine de têtes d’affiche (Africando, ONB, Toumast…) et de vraies découvertes, le tout pour un prix modique. On l’aura compris, cet été sera riche en anniversaires… et ça se fête, que celle-ci soit bleue ou plus chamarrée.

PLX