Energy spring d'Anicet Oser © studio meimaris

La Relève 6 – Énergies

Énergie des espoirs

 

Pour la sixième édition de La Relève, Parallèle s’est associé à Art-cade – Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine et au Château de Servières, lieux où sont exposées les œuvres de jeunes diplômé·es d’écoles d’arts, locales pour la plupart. Une vingtaine d’artistes se sont emparé·es de la thématique du festival, « Énergies ».

    Avant même de pénétrer dans les espaces du Château de Servières dédiés aux œuvres de La Relève, une odeur chimique dans l’air — d’essence ou de plastique — vient nous chatouiller les narines. Puis on traverse littéralement la sculpture Dunes de cristal d’Antoine Bondu, réalisée à partir de débris de verre amoncelés de part et d’autre de l’entrée de l’expo. L’artiste nous invite à réfléchir à la production de cette matière qui pourrait être plus systématiquement réutilisée en écho aux « grandes questions de l’ère capitalocène ». Ces petites dunes de verre, et par extension ces déchets, que l’on accumule, pourraient prendre une ampleur « incontrôlable », si ce n’est pas déjà le cas : l’autre œuvre exposée de cet artiste prend l’apparence d’une sculpture annonciatrice d’un « désastre à venir ». Puis, très vite, on comprend pourquoi l’odeur : une installation au sol donne l’impression de dégouliner, de se propager. C’est un paysage miniature de montagnes et de lacs, sauf que la montagne est faite de bitume et le liquide n’est autre que du kérosène. Valentin Vert fait ici appel à l’imaginaire de « ruines inanimées ». Il rappelle que le kérosène a permis la « domestication du feu » dans les lampes à pétrole, ressource que la terre produit et que l’humain épuise. L’artiste souligne un parallèle entre le mythe de Prométhée, voleur du feu sacré, et le contrôle actuel des hydrocarbures. Cécile Cornet puise également dans la mythologie pour sa série de peintures #StayAtHomeGirlfriend avec une référence à Ariane déroulant « difficilement un fil pour aider Thésée à sortir du labyrinthe pour finalement se retrouver seule », abordant l’énergie déployée au travail domestique, au selfcare et au care tout court, rôle très souvent assigné aux femmes. La question de cette énergie investie par les femmes dans le soin et le nettoyage traverse également l’œuvre de Nina Boughanim, Liquide, Liquide, arborant l’apparence d’un lavoir d’antan. De ces temps de labeur naissaient une énergie collective au sein de ces réunions de femmes. Côté Art-cade, Cassandra Naigre a réalisé une installation en tuyaux cuivrés où coule de l’eau salée pour venir désagréger une pièce d’argile, qui se délite sur le sol… une œuvre qui renvoie à la problématique de l’accès à l’eau potable en Guadeloupe à cause d’un réseau de distribution sinistré, une crise qui dure depuis des décennies. En repartant de la Galeries des Grands Bains Douches de la Plaine, on contourne une superposition de cantiques métalliques que l’on croirait prêtes à tomber. Cette installation, qui habite également l’espace sonore d’un bruit vrombissant, est l’œuvre de Sébastien Vanhulst, adepte de l’accumulation d’objets et de la force qui s’en dégage. Épuisement des ressources et des énergies fossiles, énergies de la lutte des femmes, en usine comme à la maison, superpuissance du corps… la thématique de cette édition a de quoi résonner avec les tourments et agitations de notre société, haut les cœurs !  

Lucie Drouot

 

La Relève 6 – Énergies :

  • Jusqu’au 23/03 à la Galerie Château de Servières (11-19 boulevard Boisson, 4e). Rens. : chateaudeservieres.org

  • Jusqu’au 30/03 à Art-cade Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine (35 bis rue de la Bibliothèque, 1er). Rens. : art-cade.net

 

Pour en (sa)voir plus : festival14.plateformeparallele.com