La-Fête-est-finie

La Fête est finie de Nicolas Burlaud

Les grandes manœuvres

 

L’heure du bilan a sonné. Avec le documentaire La Fête est finie, Nicolas Burlaud analyse les véritables enjeux et conséquences de la Capitale culturelle 2013.

 

Affiche La Fête est finie

Rares sont les documentaires qui revisitent l’histoire récente d’une ville. Pourtant, c’est bel et bien le projet de ce long-métrage. En filmant le déroulement de l’année Capitale de la Culture, Nicolas Burlaud traduit son inquiétude et sa sensation d’avoir été « piégé ». Son sentiment, le réalisateur exprime à travers l’allusion poétique au Cheval de Troie, le cadeau des Grecs aux Troyens, dissimulant dans ses entrailles des soldats armés. Dans le film, la Capitale de la Culture est assimilée à un cadeau empoisonné fait aux habitants, pour dissimuler non pas des soldats, mais les mutations urbaines et immobilières spéculatives à l’œuvre dans la ville, avec notamment le projet Euromed et la réhabilitation de la rue de la République. Par ce biais métaphorique, le mot d’ordre est donné : le réalisateur donne à voir cette « machine de guerre que les élites locales avaient en tête depuis longtemps. » Une machine de guerre étiquetée du beau concept de « culture », dans le seul but de participer à la « course effrénée vers une image branchée et modernisée de Marseille. »
Si le documentaire dénonce les travers de la gentrification de la cité phocéenne, il filme avec une grande sincérité les craintes et les peurs des Marseillais de se sentir exclus des grandes décisions politiques. On découvre, par exemple, les habitants de la Joliette, contraints de quitter leur quartier à cause de l’augmentation des loyers, ou encore une bénévole des quartiers Nord en colère d’avoir été oubliée par la Capitale culturelle.
Le documentaire offre une tribune à ces habitants mécontents et aux voix qui, habituellement, restent dans l’ombre. Non, Marseille ne deviendra pas une ville comme les autres, tant que la résistance citoyenne est à l’œuvre. Tel est, en tout cas, le souhait cher au réalisateur.

Clarisse Treilles

 

Le 22/01 au Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er). Rens. 09 75 83 53 19
Le 25 à La Rouille (82 rue Nau, 5e).
Rens. 06 52 62 74 83 / http://larouille.com