Nu endormi de Elina Brotherus

La Collection du Château d’Eau à l’Atelier de Visu

Rencontres Visuelles

En présentant les œuvres de photographes à la fois reconnus et novices, le Château d’Eau à Toulouse est devenu une institution emblématique du mélange créatif. A l’Atelier de Visu, une vingtaine de clichés sélectionnés par Jean-Marc Lacabe attirent l’œil des experts comme celui des passants.

Du Français John Batho au Mexicain Manuel Alvarez Bravo, « l’aventure des formes » commence avec des photographies. Celles de femmes, aux profils bien distincts. Les dix-neuf artistes exposés n’hésitent pas à sublimer la complexité, voire l’étrangeté, de leurs créatures, aux âges et aux physiques changeants. Il y a cette fesse « culottée », apparaissant sous le mouvement d’une robe liberty. Les couleurs pastel qui entourent une jeune adolescente africaine. Il y aussi cet homme, dont la présence étonne un peu, mais qui s’élance tel un oiseau et présente des contours féminins. Il y a l’éclat de rire de jeunes beautés latines, sensuelles mais pas vulgaires, contrastant avec la rigidité d’une poupée rousse, figée sur sa chaise.
Ce sont des moments particuliers — l’attente, le repos, la séduction — représentés depuis toujours : certaines photographies datent même du début du siècle, comme cette pulpeuse danseuse capturée par André Kertész en 1926. Mais ce sont surtout des hommages à la femme, même s’il semble que l’exposition n’ait pas suivi de thématique précise. La carte blanche accordée à Jean-Marc Lacabe se transforme alors en une élégante sélection qui rappelle la force de l’instantané. L’œuvre de la Néerlandaise Carla Van de Puttelaar exhibe la peau diaphane et la gêne d’une jeune femme qui ne peut s’empêcher de cacher son intimité. Le Tomboy de Dorothée Smith soulève quant à lui de manière pertinente la question du genre. Autant de perspectives inspirantes pour le contemplateur…
Via cette collection d’originaux, le Château d’Eau n’en oublie pas sa politique première : montrer la photographie sous toutes ses facettes, comme pour parfaire notre rapport à l’image. L’exposition, qui se veut pédagogique, réussit ainsi à nous donner les clés de l’écriture photographique. L’enseignement est réussi, le message passe. Intrigante féminité !

Pauline Puaux

La Collection du Château d’Eau : jusqu’au 30/11 à l’Atelier de Visu (19 rue des Trois Rois, 6e).
Rens. 04 91 47 60 07 / www.atelierdevisu.fr / www.galeriechateaudeau.org