Un début d’année jazz…

D’hiver Jazz…

 

Si la saison jazz ne s’est pas vraiment arrêtée grâce aux inlassables talents locaux (Fred Drai, Élise Vassalucci…), quelques dates remarquables devraient ravir les adorateur.trice.s des notes bleues en ce début d’hiver.

 

 

Le Moulin à Jazz, à Vitrolles, recevra le 21 janvier la livraison 2.9 de The Bridge : ce dispositif transatlantique d’échanges musicaux chapeauté par l’anthropologue Alexandre Pierrepont est toujours riche en pépites improvisées et en grooves détonants. A fortiori cette année, la créativité sera plus qu’au rendez-vous, avec notamment la saxophoniste lilloise Sakina Abdou, la poétesse Ugochi Nwaogwugwu et la chanteuse percussionniste Coco Elysses, présidente de l’AACM, la fameuse coopérative chicagoane qui promeut un jazz d’émancipation depuis 1965.

Le 27, l’inlassable équipe du Jam, toujours hors les murs et cette fois au MundArt, reçoit le Now Beauty Quartet, qui compte la fine fleur des musiciens hexagonaux : des sudistes exilés dans la capitale — le pianiste Enzo Carniel, le contrebassiste Damien Varaillon et le batteur Stéphane Adsuar — s’associent au trompettiste américain Hermon Mehari, établi depuis quelques temps à Paris, pour un répertoire trempé dans le bop le plus authentique et qui lorgne vers des vibrations universelles.

Le même jour, le plus rock’n’roll des pianistes de jazz (et inversement), Julien Brunetaud, s’exprimera à la tête d’un quintet inédit avec la fine fleur des musiciens locaux (Cédrick Bec, batterie ; Sam Favreau, contrebasse ; Vincent Strazzieri, sax’ténor ; Romain Morello, trombone) à Bouc-Bel-Air : cet as du clavier, qui accompagna notamment Chuck Berry, est un compositeur d’exception, capable de retourner un auditoire en deux-deux, tant par sa fougue boogie que par son phrasé des plus émouvants.

Dans le registre émotionnel, justement, c’est à un batteur qu’il reviendra de ravir les publics : Arnaud Dolmen enrichit les patrimoines gwoka (cet art des percussions antillaises aux velléités insurrectionnelles) et jazz d’intentions impressionnistes, convoquant aussi bien les mannes créoles que la préciosité d’un Debussy. En quartet avec le pianiste Leonardo Montana, le saxophoniste Francesco Geminiani et le contrebassiste Samuel F’Hima, il devrait déployer, au Petit Duc à Aix puis au Théâtre de Fontblanche à Vitrolles, des rythmes et des couleurs d’une authentique et joyeuse spiritualité.

 

Laurent Dussutour