Brûler, brûler, brûler de Lisette Lombé © Lou Grenier

Ivre Virgule | Brûler, brûler, brûler de Lisette Lombé

Un livre à consommer sans modération, un vin pour l’accompagner

 

Aime les mots dits

Couvre- feu de rigueur, les ardeurs de l’extérieur s’amenuisent. Bon plan pour couver le feu qu’il nous reste à domicile : la lecture de poésie. Le soufflet à manier est un courant chaud, court et révolté tout droit venu du recueil de poèmes Brûler, brûler, brûler de Lisette Lombé.

 

 

Des vivants et des mots

 

« La poésie, c’est la multiplicité broyée et qui rend des flammes », fulgure Antonin Artaud. Cette définition enragée colle à la peau de la nouvelle collection de la maison d’édition Iconoclaste : « Iconopop ».

Portés par le tandem Cécile Coulon et Alexandre Bord, trois premiers recueils poétiques sont d’ores et déjà sortis. Couvertures aux couleurs vives, textes qui peuvent facilement s’émanciper de leurs pages pour choisir de vagabonder dans les bouches, dans les rues ou même, qui sait, un jour sur des scènes.

Parmi les pionniers de cette jeune collection, on a découvert le percutant Brûler, brûler, brûler de Lisette Lombé.

 

 

Orage et des espoirs

 

Lisette Lombé a une voix puissante. Figure de la scène slam en Belgique, ses textes sont écrits pour être lus tout haut.

Dans ce recueil, elle souffle sur les braises de la révolte. La violence, l’injustice, la lutte, l’impunité, les sujets sont nombreux et la rage de les défendre, vivace.

Les mots sont choisis, précis et percutants. On entend son engagement, sa vitalité et cette nécessité d’écrire, de mettre les poings sur les i. I comme les idées courtes contre lesquelles elle s’insurge, stylo en main.

Accessible, les deux pieds dans son temps, affranchie des us et coutumes connus uniquement d’initiés ronflants, la poésie est vivante. Elle balaie d’un revers de manche le besoin de légitimité d’être chapeautée par une certaine licence poétique, diplôme somme toute d’un autre temps.

Ici, autodidactes, les langues claquent, se tournent dans tous les sens, du baiser à la morsure.

La poésie n’est ni une obligation à des canons esthétiques standardisés, ni une ode à un lyrisme sirupeux qui colle aux sens. Elle attise un désir de lire, d’entendre, de ressentir une parole qui vole dans les plumes des tabous et des non-dits.

 

 

S’irriguer la terre de feu

 

Pendant que notre monde d’en haut — notre esprit — se brûle le gosier de mots de révolte, notre monde d’en bas — situé entre l’œsophage et les pieds — rougit de plaisir de l’accompagner avec un verre de vin choisi en conséquence.

Le domaine du Manoir de la Tête Rouge propose cette possibilité avec un vin rouge à l’incandescent nom de Pierre à Feu.

Converti à la biodynamie, le domaine est engagé dans un travail respectueux de la terre, base énergétique de ses vignes, et propose là un vin issu de sols 100 % du jurassique argile calcaire à silex et oxyde de fer.

 

Pierre à Feu, ce nom rigolo, rappelle aussi le dessin animé d’une famille préhistorique lambda dans sa caverne middleclass.

La préhistoire, cette période qui précède les prises de consciences urgentes d’un besoin d’égalité et de liberté d’histoires qui ne demandent qu’à être lues et entendues. La poésie est un chant de l’âme, elle crépite envers et contre tous, même au creux des plus interminables hivers.

 

Simone d’Abreuvoir

 

 

À lire : Lisette Lombé – Brûler, brûler, brûler (Éditions Iconoclaste)

Pour en (sa)voir plus : https://www.editions-iconoclaste.fr/

À boire (avec modération) : Pierre à Feu du Manoir de la Tête Rouge

Pour en (sa)voir plus : https://manoirdelateterouge.com/2017/03/07/pierre-a-feu/