Meurice 2027

L’entretien | Guillaume Meurice

« Comique d’investigation » et écrivain touche-à-tout, Guillaume Meurice se lance d’ores et déjà dans la campagne présidentielle de 2027. À quelques jours de son « meeting » au Silo, on a posé quelques questions au candidat Meurice.

 

 

La dernière fois qu’on t’a interviewé, on faisait le bilan de 2020. Quel bilan tirerais-tu des deux dernières années écoulées ?

Un échec total puisque je n’ai pas été élu président de la République. Le peuple de France a donc aujourd’hui ce qu’il mérite : une sécheresse historique, des réformes injustes, et une huitième saison des Marseillais à Cancun.

 

Tu prétends connaître les vraies gens. C’est pour ça que tu te présentes aux élections de 2027 ?

Tout à fait. Je suis proche du peuple. J’ai d’ailleurs un excellent ami pauvre. La misère qui frappe le pays est d’ailleurs un drame de nos sociétés modernes. C’est le cas aussi de la misère intellectuelle, mais on n’est pas là pour parler de Gabriel Attal.

 

Mais honnêtement, comment faire mieux qu’Emmanuel Macron ?

Je pense que c’est la chose la plus facile étant donné que le véritable challenge serait de faire pire.

 

Comment comptes-tu réaliser la « réconciliation nationale » que tu promets ?

Je pense qu’il faut oser aller plus loin que Macron dans le « en même temps ». Lui se disait « de gauche et de droite ». Je pense qu’on peut être « d’extrême-gauche et d’extrême-droite ». Manger une merguez au tofu en regardant des migrants couler dans la Méditerranée, par exemple.

 

Est-ce que ta campagne présidentielle a un rapport avec ton éloge de la médiocrité ?

Une campagne présidentielle est forcément médiocre puisque l’idée de base est de dire à 67 millions de personnes « Si je suis élu, je règlerai tous vos problèmes », ce qui est l’équivalent de Pierre Palmade qui dit « T’inquiète, je vais conduire, je connais la route ».

 

Cela va faire presque dix ans que tu interviewes des gens pour ta chronique sur France Inter. J’imagine que les gens te reconnaissent désormais. Ne te sens-tu pas menacé parfois avec ton « physique de lâche » ?

C’est vrai que j’ai le même fournisseur de muscles qu’Olivier Dussopt, même s’il compense par une voie nasillarde et un art consommé de la trahison. Mais je me sens moins « menacé » que lui. Il faut dire que je n’oblige pas les gens à sacrifier deux ans supplémentaires de leur vie au nom du CAC 40. Comme dirait le penseur Jul : « T’es là tu m’fais l’killer, tu n’es qu’un videur, y’a rien de fantastique, moi j’rentre en Asics. »

 

Et as-tu noté des évolutions dans leurs réponses ?

Ça dépend des sujets. Mais je suis toujours autant fasciné par la facilité qu’ont les grands éditorialistes de faire croire aux gens qui galèrent que leurs problèmes viennent des Arabes et pas des riches qui leur piquent leur pognon et leur temps de vie. Messmer pourrait bosser à BFM.

 

Est-ce que les gens que tu interviewes — portés par le bon sens populaire — te donnent des idées pour ton programme présidentiel ?

Oui ça m’arrive, mais c’est parfois confus. Il faut faire le tri dans les contradictions. C’est comme quand je vois un drapeau avec la tête de Bernard Tapie à côté de celle de Che Guevara dans le virage Sud au Vélodrome. Pourquoi pas Bernard Madoff et Bakounine ?

 

Quand tu vas arriver à l’Élysée, que vas-tu faire pour les retraites ?

Je suis pour l’abolition totale des retraites. Car je suis pour le salaire à vie. Bernard Friot akbar !

 

Comment comptes-tu convaincre les Marseillais de voter pour toi ? Que ferais-tu au niveau local ?

Il faut un énorme plan de rénovation urbaine, le poste d’adjoint à la culture pour Soso Maness, et le retour de JPP à l’OM.

 

C’est quoi, ta plus grande fierté : te faire censurer par Bolloré ou pouvoir continuer à faire des blagues de gauche sur la même antenne que Léa Salamé ?

Je ne suis en général pas très fier de ce que je fais. C’est ce qui me différencie d’Olivier Véran qui, dès qu’il a du compost qui sort de sa bouche, ne peut pas s’empêcher de se ruer devant une caméra.

 

Tu as déclaré ne pas aimer les slogans.  Mais tu vas bien être obligé de t’y mettre. Quel est le meilleur slogan politique selon toi ?

Le meilleur slogan de tous les temps est de mon ami Didier Super : « Il vaut mieux en rire que de s’en foutre ».

 

Propos recueillis par Cynthia Cucchi

 

 

Meurice 2027 : le 10/03 au Silo (35 quai du Lazaret, 2e).

Rens. : www.cepacsilo-marseille.fr

À lire :

–       Petit éloge de la médiocrité (Éditions Les Pérégrines)

–       Le Fin Mot de l’histoire – 201 expressions pour épater la galerie, avec Nathalie Gendrot (Le Robert)