3 peonies de Stephanie Barber

Images Contre Nature 2018

Marge brute

 

La dix-huitième édition d’Images Contre Nature se déroulera derechef au Videodrome 2 : ce rendez-vous désormais incontournable de vidéo expérimentale offrira l’occasion de découvrir une pléiade d’œuvres hors normes, qui interrogent le sens même de l’image en mouvement.

 

Si Marseille peut être considérée comme une ville hors normes, c’est bel et bien que celles et ceux qui la font vivre le sont tout autant. La cité phocéenne a cette spécificité de propositions culturelles (nous préférerons le terme artistiques) qui égrènent tout au long de l’année les multiples regards que nous devons poser sur le monde. L’une des manifestations les plus originales et vivifiantes reste bel et bien le festival Images Contre Nature qui, depuis dix-huit ans, nous offre à voir les frontières de l’image en mouvement, dessinant de facto les contours d’un cinéma aujourd’hui vidé de son sens, ploutocratique, définitivement industriel. On ne peut parler ici d’un cinéma en marge, ou bien dans le sens que Jean-Luc Godard lui donne : « La marge, c’est ce qui fait tenir les pages ensemble. » Un adage qui correspond à l’activisme de l’équipe de P’Silo, dont la programmation proprement stupéfiante, par la rareté et la hardiesse des œuvres proposées, a permis au fil des dix-huit années de créer une œuvre dans l’œuvre. Images Contre Nature continue ainsi d’explorer un champ des langages de l’image en mouvement que bien peu de festivals abordent. Entre cinéma expérimental et vidéo d’art, sans n’être ni l’un ni l’autre, la vidéo expérimentale se joue de l’outil, de la sémiologie, de la colorimétrie, du récit (ou du non récit) et de la sédimentation visuelle qui fait sens dans l’œuvre. Pas étonnant, donc, que la fine équipe de P’Silo ait construit ce festival par propositions de programmes qui redéfinissent un lexique des langages, ouvrant ainsi le plus largement possible nos capacités de perception. Hormis la soirée d’ouverture — sur la thématique, combien passionnante, de filmer la transe — et celle de clôture — le ciné concert sur Matkormano et le Kino Limo Jukebox Movie —, les sept programmes au sein desquels se nichent les quatre-vingts films sélectionnés restent peu ou prou identiques : animé, espace, identité, long, mouvement, perception, sens, temps. Mais c’est le photogramme toujours recommencé qui offre une dimension presque panique à l’image en mouvement. Par ailleurs, l’association a depuis quelques années élu domicile à l’incontournable Videodrome 2, rendant les soirées plus conviviales encore, imposant cette dix-huitième édition comme l’un des rendez-vous estivaux à nul autre identique.

 

Emmanuel Vigne

 

Images Contre Nature : jusqu’au 7/07 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e).
Rens. : 04 91 42 75 41 / www.p-silo.org

Le programme complet du festival Images Contre Nature ici