Image de Ville : du 13 au 17/11 à Aix-en-Provence

Image de Ville : du 13 au 17/11 à Aix-en-Provence

La ville écarlate

Les occasions d’investir Aix-en-Provence ne sont pas toujours légion. Image de Ville offre depuis sept ans l’une des meilleures manifestations à caractère cinématographique au cœur de la cité thermale. Cinq jours de projections, de rencontres, de débats pour un seul et même thème, toujours réinventé : la ville.

cine-image-de-ville-La-Rue.jpgLe cas Image de Ville est quelque peu à part, en marge des habituels festivals cinématographiques régionaux. Car il n’est justement pas, à proprement parler, un festival de cinéma. Et c’est sans doute cela qui, positivement, le distingue des autres manifestations. Image de Ville se sert en effet de l’image — cinématographique, expérimentale, documentaire — dans le seul but de nourrir une réflexion sur le sens de l’espace urbain et de nos rapports à la ville, sans oublier de nous en remémorer régulièrement l’histoire, le passé, l’évolution. Le festival donc le défaut de ses qualités : aussi sympathique soit-elle, la programmation pèche parfois par son manque d’exigence, alors que les espaces de réflexions ainsi créés se révèlent, eux, passionnants. D’autant que le sujet abordé ici — le festival apporte chaque année un soin particulier au choix de ses thèmes — se pique de réfléchir à la façon dont vit une ville la nuit. Comment l’espace urbain évolue et se transforme, une fois le soleil — et la plupart des habitants — couchés. Sujet qui ravira les noctambules que nous sommes, et qui nous permettra de sortir des clichés éthylo-poético-bohringiennes, d’autant que le cinéma post-70’s s’est largement emparé du thème. Evoquons d’emblée l’une des très bonnes idées de cette nouvelle édition : un coup de projecteur sur l’immense Henri Alekan, virtuose de la lumière, chef opérateur de génie, certes très ancré dans une époque, mais au langage sans cesse renouvelé. Image de Ville ne lui réserve pas moins de trois documentaires, dont le Henri Alekan, des lumières et des hommes de Laurent Roth — référence à son propre ouvrage fort renommé Des lumières et des ombres —, ainsi qu’un court métrage du maître lui-même, car Alekan, on l’oublie parfois, passa de temps à autres derrière la caméra. Pour l’occasion, un cours de cinéma lui sera consacré, en présence, entre autres, de Laurent Roth, mais également de Willy Kurant, éminent directeur de la photographie, ayant officié aux côtés de Pialat, Godard, Skolimosky, Welles… Le festival offre par ailleurs une carte blanche à Jean-Pierre Rehm et son équipe du FID, avec la présentation d’une belle poignée de documentaires, dont l’Histoire de la nuit de Clemens Klopfenstein. Passons sur une nocturne, au Renoir, autour du film noir, manquant cruellement d’imagination (30 jours de nuit, The dark night, The spirit…) et attardons-nous sur ce cinémix interprété par Nicolas Errera autour du film rare et somptueux du cinéaste autrichien Karl Grüne : La rue (Die straße). Au cœur des nombreux films présentés lors de cette septième édition (dont on retiendra le trop rare Les nuits blanches de Visconti, Les forbans de la nuit de Jules Dassin ou le désormais classique Lumières du faubourg d’Aki Kaurismaki), sans omettre les programmations de films expérimentaux ou celles destinées au jeune public, c’est donc lors des nombreuses rencontres, débats ou tables rondes qu’Image de Ville prend tout à fait corps. Les multiples sujets abordés, ainsi que les invités conviés pour l’occasion — Richard Copans des Films d’Ici, Toni d’Angelo, le Groupe Dunes, Michel Kammoun ou encore Franck Pourcel — font d’Image de Ville un événement complet, protéiforme, à même de renouveler sans cesse ce questionnement fondamental dans une société telle que la nôtre : l’urbain rime-t-il toujours avec l’humain ? Réponse en images.

Texte : Emmanuel Vigne
Photo : La rue de Karl Grüne
Image de Ville : du 13 au 17/11 à Aix-en-Provence. Rens. 04 42 26 81 82 / www.imagedeville.org