Identité Remarquable | Sovox

Solide comme un rock

 

Quand un duo se sépare, c’est parfois fatal. Mais Sovox a su se réinventer en mode trio, au service d’une musique à mi-chemin entre punk et garage. En attendant un prochain EP. Et bientôt un clip.

 

 

Lorsqu’un groupe se sépare, on dit couramment — l’occasion de réviser un des verbes irréguliers anglais les plus faciles à retenir — qu’il « splite ». En musique comme dans la vraie vie, une séparation, c’est jamais simple, même s’il convient d’abord et avant tout de rebondir.

Voyez Sovox. Ils avaient pourtant tout pour eux ! Vicenzo, un batteur aussi énergique que charismatique jouant — et c’est loin d’être un détail pour lui — debout, et Charles, un guitariste si talentueux et protéiforme qu’on se demande souvent s’il n’a que dix doigts. Un duo à la White Stripes au service d’un rock abrasif, résolument garage, presque punk, qui sonne toutefois plus subtilement que ne le laisserait parfois croire le titre de certaines chansons. Comme Fuck, sur leur premier EP Who am I ?.

Après les avoir découverts un été à la Salle Gueule et vus depuis dans nombre de salles, on se souvient encore de leur prestation remarquable et remarquée en 2019 à la Fiesta des Suds où, sans difficulté, ils avaient, par leur seule présence et avec une complicité aussi impressionnante que leur maîtrise, occupé une scène dont la taille était pourtant sans commune mesure avec celles où ils frayaient jusque-là.

Et puis voilà, il y a quelques années, quoique semant çà et là quelques titres, quelques clips (The Killer, Last Night…), leurs chemins se sont séparés. Soupir de Vincenzo : « On jouait ensemble depuis l’âge de quinze ans. On a eu envie de passer à autre chose, connaître d’autres expériences. » Dont acte puisque l’on retrouve Charles dans deux excellents groupes, Technopolice et Avenoir.

Mais, comme le précise Vicenzo, « Sovox, c’est un peu mon bébé. Et je n’avais pas l’intention que tout s’arrête, surtout avec le Covid. » Alors, pour renaître, le duo se fera… trio ! Une manière de renouer en quelque sorte avec les origines puisque — en attestent quelques vidéos qui circulent encore sur le web — au tout début, Charles et Vicenzo étaient accompagnés d’un bassiste. À l’époque d’ailleurs, le batteur jouait même (et c’est loin d’être un détail) encore assis…

Les premières fois qu’on a vu Sovox en version 3.0, avouons-le, à l’instar d’un collègue photographe lui aussi amateur de houblon et de décibels, on a un peu fait la grimace. La nostalgie, sans doute. Pourtant, pour les jeunes formations, le changement de line-up, c’est quasi aussi fréquent que casser une corde quand on n’en a pas de rechange. Mais cela n’a pas duré et l’on a appris à apprécier cette reconfiguration. D’autant que, si le Sovox en mode duo pouvait se la jouer « rock star » à la Fiesta des Suds, le trio, lui, s’est payé le luxe l’an dernier de se produire au Petit Bain à Paris en tant que finaliste du tremplin Rock & Folk. Il faut dire que, désormais, autour de notre batteur toujours aussi prompt à tomber le T-shirt qu’à sauter dans tous les sens, on trouve, à la basse, Nassim, qui, jusque-là, officiait dans un groupe de reprises, ainsi que Nathan, guitariste surdoué venu, comme son prédécesseur, du Nord.

« En débarquant de Valenciennes à Marseille, je cherchais un batteur pour mon groupe, Crache. J’ai donc proposé à Enzo. Qui m’a répondu que, lui, il cherchait un guitariste pour Sovox », sourit ce jeune gratteux au jeu carrément bluffant.

« Notre premier concert, cela s’est fait à Ventabren », se souvient le trio, lors d’une de ses « bringues » organisées dans l’arrière-pays aixois par François, amateur de bon son qui invite régulièrement la crème des groupes du coin à se produire dans une chapelle transformée en temple du rock.

De là à dire que cette renaissance s’est faite sous les meilleurs auspices… En tout cas, cette évolution vient rebattre les cartes au sein de la formation, notamment côté écriture : « Les thématiques ont évolué — au début, nos chansons parlaient pas mal de filles — et on a gagné en maturité. Mais je reste très direct, très brut de décoffrage », précise Vicenzo. Alors que Nathan, lui, s’appuie davantage sur « la musicalité ».

Pour l’heure, finis les tremplins. Mais pas question de chômer. En effet, Sovox vient de tourner un clip à Aubagne, avec, aux manettes, Nathan. En attendant la sortie à la rentrée d’un nouvel EP et d’une tournée. Même si, grimace le groupe, « quand on vient d’ici, cela peut être un peu compliqué de jouer ailleurs même si, c’est vrai, on a pas mal joué à Paris. Pourtant, Marseille est une ville très rock. Mais c’est une identité encore mal connue », nous expliquent les musiciens.

De fait, il y a une véritable effervescence. Et le groupe de se préparer pour la fête de la musique en juin. « Contrairement à d’autres villes comme Bordeaux, ici, il y a plein de salles, et une vraie solidarité ; notamment entre les groupes ! Nous, on a pas mal de liens avec Parade, Glitch… »

Alors, en vieux fan, on ne peut s’empêcher de leur demander ce qu’ils pensent des groupes de Charles : « Attention, il n’y a pas d’embrouille. On aime beaucoup Avenoir et Technopolice ! » Et quid de ce que pense Charles de Sovox ? « Certainement que c’est mieux, plaisante son ancien comparse. Non, sérieusement, il est très content pour nous. » Au point de revoir, un jour, le duo sur scène ? Sourire de Vicenzo : « On fera ça quand on sera vieux, après avoir fait nos adieux, pour notre retour. En attendant, je ne vais pas tromper mes gars ! » C’est vrai qu’à deux, déjà, c’est compliqué, alors imaginez la vie de trouple !

 

Sébastien Boistel

 

Sovox sera en concert sur la Plaine le 21 juin pour la Fête de la Musique.

Rens. : www.facebook.com/sovoxband