Simon Bolzinger

Identité remarquable | Simon Bolzinger et la compagnie Tambor y Canto

Chaleur humaine

 

Directeur artistique, compositeur et pianiste, Simon Bolzinger voit son emploi du temps chargé jusqu’à l’été. À l’occasion d’une résidence au Chantier de Correns avec sa compagnie Tambor y Canto et d’un concert au Jazz Fola de Luynes, voici l’occasion idéale de faire un point sur le parcours d’un musicien sans œillères.

 

Rodé par une éducation musicale « classique », Simon Bolzinger croise la route des chœurs universitaires de Caracas lors d’un de leurs concerts, à Vaison-la-Romaine, à la fin des années 80. Ne parlant pas la même langue, ils communiqueront en chantant… Simon restera ainsi quinze jours en leur compagnie et, suite à leur invitation, il s’envolera pour deux ans au Venezuela, alors qu’il avait prévu d’y rester un mois.

À son arrivée, il est ébahi. Il ne trouve plus les pulsations et, avide d’apprendre, se lance à corps perdu dans les méandres rythmiques et harmoniques de la salsa. À son retour en France, il crée dans la foulée l’Assos’ Picante en 1993 et le groupe de salsa vénézuélienne Zumbao. Pour les vingt ans de Picante, il réunira ainsi les musiciens autour desquels il avait articulé une promotion de leurs musiques traditionnelles pendant vingt ans, et imagine la compagnie Tambor y Canto. Restait à écrire des œuvres dans lesquelles il pourrait mêler certaines figures rythmiques qui, de par leurs structures, pouvaient à force de travail s’harmoniser. Chose aisée pour Simon, qui avait reçu la médaille d’or du Conservatoire de Marseille en 92, et maitrisait la composition. Le répertoire en place, s’ensuivent donc une série de concerts dont la qualité forcera Simon à l’enregistrement du disque que l’on trouve actuellement dans les bacs.

La compagnie Tambor y Canto ? Des pointures des différents folklores cubains, brésiliens, péruviens et argentins tels que Arturo Martinez, Cubain qui s’adonne aux percussions et au chant. Il rafle par ailleurs un Latin Grammy Award en 2001, s’adonne aux chants religieux afrocubains et enseigne le chant et la percussion traditionnels. À ses côtés, on trouve aussi le percussionniste marseillais d’origine brésilienne Patinho Axé Correia, qui a partagé la scène avec les plus grands, de Carlinhos à Bjork. Il tient aussi à enseigner dans les quartiers dits défavorisés… Du Pérou, Rodolfo Munoz est quant à lui aux percussions et au chant. Une place qui lui permet d’imprimer certains morceaux de sa maîtrise de rythmes traditionnels péruviens. Rodolfo a également une approche spirituelle des tambours. Percussionniste argentin, Rocco Sedano est né d’une famille de danseurs. Son père achèvera son éducation au Conservatoire de Rennes en l’initiant aux percussions argentines. Rocco est le maestro des danses traditionnelles percussives. Il s’est produit sur la scène de l’été à Bourges, et a participé au Cirque du Soleil…

Marseillais pur jus, Olivier Temime est évidemment aux sax, lui qui a raflé de nombreux prix de jazz, parmi les plus prestigieux. Il s’est frotté lors de jams (son terrain de prédilection) à des pointures telles que Winton Marsalis ou le fabuleux batteur Daniel Humair… Enfin, le Français Rafael Paseiro caresse sa contrebasse lors de projets jazz ou affiliés aux musiques traditionnelles. Il a notamment accompagné le flûtiste Maraca, ou Harold Lopez Nussa.

Ce n’est donc plus un mystère, et Simon Bolzinger nous le confirme : la mission de Picante est bien de transmettre et diffuser les musiques traditionnelles de l’Amérique Latine, mais au-delà des idées reçues. Car, selon ses dires, leurs richesses demeurent encore à ce jour quasi inconnues en Europe, la plupart des gens n’ayant qu’une idée déformée de ses expressions musicales, ou réductrice. Une vision dans laquelle le Brésil, c’est la bossa nova, l’Argentine, c’est le tango, etc… À Simon Bolzinger et sa compagnie d’y lever le trouble, et de dévoiler toutes ses richesses.

 

Catherine Moreau

 

Simon Bolzinger et la Compagnie Tambor Y Canto : le 27/04 à La Fraternelle (Correns, 83) et le 30/04 au Jazz Fola (Luynes, 13).
Rens. : www.assospicante.com/simon-bolzinger