Hommage à la révolution égyptienne à l’Alhambra

Hommage à la révolution égyptienne à l’Alhambra

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L’Egypte enflamme

Soulèvements populaires dans les pays du Maghreb : impossible de passer à côté d’une actualité si forte pour l’Alhambra, Aflam, les Instants Vidéo et Zinc, qui proposent une soirée spéciale autour de la société égyptienne, à travers une programmation de choix.

A l’heure où tous les regards se portent sur les pays du Maghreb, la salle incontournable de l’Estaque, l’Alhambra, ouvre son écran à trois structures phocéennes d’importance pour une soirée sous forme d’hommage au peuple égyptien. On connaît le travail exigeant effectué depuis des années par Aflam, principal diffuseur sur la région des cinémas arabes. Il était donc naturel que l’équipe se mobilise à l’occasion des évènements qui secouent le bassin méditerranéen. Evènements dont les répercussions semblent aller crescendo, nourrissant à juste titre l’espoir et le désir d’en découdre avec l’oppression, jusqu’aux pays occidentaux. Or cette lutte est avant tout celle de la société civile arabe, même si à trois mille kilomètres de là, le symbole révolutionnaire peut marquer (on l’espère durablement) la population occidentale. Collaborant avec Zinc et les Instants Vidéo, Aflam nous propose donc, à l’occasion de cette soirée, de mieux comprendre la société égyptienne, via la programmation d’une sélection de courts-métrages, suivie de l’adaptation par Marwan Hamed du classique de la littérature nationale, L’immeuble Yacoubian. Le programme de courts, pour la plupart réalisés par de jeunes cinéastes égyptiens, réunit Mayye Zayed, Hadil Nazmy ou Ahmed Nabil. Un kaléidoscope de sept visions très différentes de cette société qui a su, contre toute attente, dire non au joug dictatorial d’un Moubarak régnant en toute impunité internationale. L’immeuble Yacoubian, point d’orgue de cette soirée spéciale, est l’adaptation du best-seller d’Alaa Al-Aswani, qui fut dès 2002 considéré comme un pavé dans la mare à travers bon nombre de pays du Maghreb. Il affronte en effet de nombreux tabous (politiques, sociaux, sexuels) de la société égyptienne, et offre un portrait bigarré du quotidien des classes populaires. L’immeuble, jadis prestigieux, abrite aujourd’hui un large panel d’habitants, des nouveaux riches aux paysans pauvres venus chercher en ville l’espoir d’une vie meilleure. Il devient tout naturellement le théâtre symbolique d’une société en quête d’un avenir encore indéfinissable. Adel Imam, grande star de ce côté-là de la Méditerranée, porte une large part du film sur ses épaules, sans parvenir cependant à masquer les quelques faiblesses évidentes de la réalisation. Qu’importe, à l’instar du livre, le film a largement trouvé son public dans et hors de ses frontières. Tout comme il offrira au sein de l’Alhambra, à n’en pas douter, l’occasion d’un débat passionnant sur une actualité brûlante, qui n’a pas fini de bouleverser les fondations de ce nouvel ordre mondial soumis aux lois du marché, que la plupart des dirigeants du globe tentent de nous vendre.

Emmanuel Vigne

Hommage à la révolution égyptienne : le 3/03 à l’Alhambra Cinémarseille (2 rue du cinéma, 16e). Rens. 04 91 46 02 83 / www.alhambracine.com