Hasta la vista (Belgique – 1h53) de Geoffrey Enthoven avec Robrecht Vanden Thoren, Gilles De Schrijver…

Intouchables

Après Bullhead, polar très noir de Michael Roskam sorti le mois dernier, le cinéma flamand continue d’abreuver le spectateur de petites pépites fort réjouissantes sur des sujets pas si faciles. Hasta la vista est assurément une comédie… Ou plutôt un conte pour adulte. Lars, Philip et Jozef sont trois amis inséparables qui aiment par-dessus tout le vin et les femmes. Problème : l’un est confiné sur une chaise roulante, le second est totalement paralysé et le troisième, aveugle. Difficile dans ces conditions de perdre leur virginité. Dans le dos de leurs parents, ils organisent un road trip sur la route des vins de France avec en point de mire les maisons closes espagnoles où, ils en sont certains, les plus belles femmes du monde les initieront aux plaisirs charnels. Pour les aider dans leur périple, ils engagent une infirmière/chauffeur à la mine patibulaire mais au cœur tendre. Geoffrey Enthoven réussit le pari de faire une comédie juste, qui évite intelligemment de tomber dans le pathos, sur des sujets aussi légers que la sexualité des handicapés et la mort prématurée d’un adolescent. Toujours drôle, parfois cruel, ce road movie inédit est une fable sur l’amitié, la quête de liberté et le désir comme moteur du dépassement de soi. Malgré quelques scènes prévisibles, comme souvent dans les contes, la finesse du scénario permet d’éviter certains clichés en restant sur le fil.
Difficile de bouder son plaisir devant les tribulations de ces enfants terribles qui picolent, draguent et se charrient en permanence sur leurs infirmités. Infirmités que l’on oublie très vite en s’attachant au caractère des personnages. Avec l’humour en guise d’enrobage sucré servant à faire passer le message — voir l’humain derrière le handicap —, la friandise n’en est que plus savoureuse.

Daniel Ouannou