Hannah Waldron

Hannah Waldron – Solmania au Studio Fotokino

Le temps des fils

 

Au cours d’un voyage à Berlin il y a une dizaine d’années, Hannah Waldron rencontre l’art du tissage : c’est la révélation. Dès son retour à Londres, elle décide de poser ses crayons de couleur pour s’emparer d’un métier à tisser. Elle réalise depuis des trames narratives faites de formes simples et colorées, à découvrir au Studio Fotokino.

 

Ce sont des souvenirs de voyages, de reliefs tantôt urbains tantôt ruraux, mais toujours hauts en couleurs, se déployant de Tokyo jusqu’à New York en passant par Venise et Berlin, des impressions nomades qu’est venue nous rapporter Hannah Waldron au travers de la matière textile.

À l’heure des voyages à vitesse grand V, où l’expérience de paysages condensés défilant plus vite qu’un flipbook devient majoritaire, tandis que les balades se dématérialisent au gré des panoramas numériques de Google Maps, ici, des fils, de soie, lin et coton prennent le temps de se rencontrer. Tout en conservant leurs origines et leurs spécificités, ils s’allient étroitement pour retracer un autre cheminement, plus tactile et sensible, dans l’espace et le temps. Au cours de ce travail fastidieux de mémoire permis par la lenteur des gestes qui tissent, des cartographies mentales — témoins de visions rescapées du monde — se matérialisent sous nos yeux.

Les panoramas sont traduits visuellement par le biais d’un vocabulaire de formes toutes personnelles, mais dont le sens véhiculé nous demeure familier.

À la surface des tapisseries qu’Hannah fabrique elle-même, de la céramique ou des furoshiki, foulards de soie japonais destinés à une série d’usages usuels, émergent des fragments de récits qui nous viennent parfois de loin. De la même manière que les tapisseries ont pu être utilisées comme vecteurs essentiels des mythes et histoires antiques qui ont bercé l’humanité dès ses premiers balbutiements, une série de quatre petites tapisseries, Four Worlds, nous enveloppe dans les confins de quatre contes traditionnels. Sun Screen, une immense tapisserie de bambou et de laine, se propose de nous faire revenir à l’essentiel. En se présentant à nous sous la forme d’un soleil imposant, elle nous transmet simultanément son lot de chaleur et d’inquiétudes.
Des objets qui ouvrent des mondes, à venir découvrir en même temps que les esquisses polaresques du roman graphique Le Mystère de la maison brume de l’illustratrice Lisa Mouchet.

 

Elena Salougamian

 

Hannah Waldron – Solmania : jusqu’au 24/12 au Studio Fotokino (33 allée Gambetta, 1er).

Rens. : 09 81 65 26 44 / www.fotokino.org

Four Worlds fera l’objet d’une publication éditée par Fotokino prolongeant l’exposition. Disponible sur internet : https://fotokino.bigcartel.com/product/four-worlds-hannah-waldron et sur place.