Hamida et les brouillards de Faustin Linyekula © Andreas Etter

Retour sur Hamida et les brouillards de Faustin Linyekula au MuCEM

Quai des brumes

Pour le dernier volet du cycle Objets déplacés au MuCEM, l’artiste congolais Faustin Linyukela est allé se perdre à son tour dans les méandres du Centre de conservation et de ressources du musée, à la recherche d’une histoire et d’un nom…

 

Le chorégraphe et danseur Faustin Linyukela s’est emparé de la commande du MuCEM comme d’une occasion d’échapper à ses obsessions, enracinées au Congo et alimentées par les différentes guerres civiles qui mutilent le pays sans discontinuer. Pour résister à l’anonymat glaçant des statistiques morbides, il s’est mis en quête d’un objet qui le déplacerait, un objet sur lequel rattacher un nom, un visage, un destin.
Un cercueil en osier a attiré son attention. Allant de pair avec une guillotine, il fut utilisé pour exécuter le dernier condamné à mort en France, en 1977, à Marseille. Le nom du supplicié : Hamida Djandoubi, un travailleur tunisien.
Irrémédiablement ramené à l’Afrique et à l’histoire coloniale de la France, Faustin Linyukela puise la force d’esquisser avec son corps une ébauche fragile dans l’espace de la Cour de la Commande du Fort Saint-Jean, l’emplit de son chant, y fait résonner les mots des derniers instants d’Hamida, créant une relation intime avec l’individu et son histoire, éclairant la brume qui enveloppe cette pratique révolue mais pas tant, jetant des ponts à travers la Méditerranée, sur les rochers de laquelle se fracassent quotidiennement les espoirs et les rêves d’autres personnes, identités, noms.
D’une présence et d’une générosité exemplaires, l’artiste nous a offert un moment fort, ancré dans l’ici et le maintenant et pourtant hanté par les fantômes de l’ailleurs et du passé.

Barbara Chossis

 

Hamida et les brouillards de Faustin Linyekula était présenté les 26 et 27/05 au MuCEM.
Pour en (sa)voir plus : www.kabako.org