Habitat © Jean-Luc Woodman

Habitat à la Friche La Belle de Mai dans le cadre du festival Plexus Rouge

Corps accords

 

Transe collective aux allures de rave party, Habitat de la chorégraphe autrichienne Doris Ulhich a mis à nu soixante-dix participant·es engagé·es corps et âme dans une performance magnétique et vibrante d’humanité.

 

 

Pour la première manifestation de l’année du festival Plexus Rouge nouvelle formule, Red Plexus a frappé fort en invitant Doris Ulhich et sa création participative Habitat. Le temps d’un workshop intensif de cinq jours, soixante-dix participant·es de divers horizons — pour la plupart Marseillais·es, même si certain·es avaient fait le trajet depuis beaucoup plus loin pour prendre part à l’expérience — ont œuvré à se constituer en un chœur mouvant et battant à l’unisson le sol froid et ouvert aux quatre vents de la place des Horizons de la Friche La Belle de Mai.

Même prévenu·es, l’entrée solennelle de l’ensemble de ces humains en tenue d’Ève ou d’Adam ne laisse pas de marbre. Pourtant, les quelques réflexes de gêne ou de voyeurisme s’estompent rapidement, laissant s’exprimer la poésie symbolique des corps nus, débarrassée de toute érotisation.

Leur chair est une matière organique, mouvante, respirante, ils et elles semblent les atomes d’une même molécule, se combinant parfois pour former un tout homogène, se dissociant à d’autres en révélant leur hétérogénéité.

En deux heures de performance, un nombre foisonnant d’images imprègne nos rétines : les sculptures vivantes dessinent au sol une mer humaine au repos, jusqu’à ce qu’un stimulus parti de l’une contamine peu à peu toutes les autres et que les vagues s’agitent jusqu’à bouillonner. Soudainement mu·es par le tempo technoïde impulsé par DJ Kopeinig, les êtres se déchaînent comme autant d’électrons libres. Les moments de repos silencieux des guerrier·es évoquent la bienheureuse innocence des siestes enfantines.

Il y a un côté primitif à ce retour à l’état sauvage, à la nature, au plus simple appareil, qui charrie aussi une tendresse palpable, une atmosphère d’amour.

Le dispositif, qui permet aux spectateur·rices la libre déambulation et même contagion, ajoute à ce sentiment de communion : tout le monde se voit et se considère, dans nos ressemblances, dans nos disparités. Uniques et semblables, semblables et uniques.

 

Barbara Chossis

 

Habitat était présenté les 14 & 15/05 à la Friche La Belle de Mai dans le cadre du festival Plexus Rouge.

Pour en (sa)voir plus : www.redplexus.org