Gris1 à la Backside Gallery

Gris1 à la Backside Gallery

Backside on the Moon

 

Pour une première exposition en son nouvel écrin, la galerie Backside frappe fort en accueillant la prolifique installation de Gris1. En toute simplicité, l’artiste nous ouvre une porte sur son intimité et rend un hommage ludique à la culture du graffiti.

Dès le départ dédiée au street art, la galerie Backside a traversé le Vieux Port et pris ses quartiers dans celui du Panier. Elle reste ici fidèle à sa vocation, trouvant même en ce nouveau lieu ce qu’il lui manquait : une street âme. Avec ses trois étages, ses couloirs, coins et recoins, elle permet au public de déambuler et aux artistes d’explorer l’art de l’installation. Gris1 ne s’en est d’ailleurs pas privé ! En sous-sol, des wagons de trains et de métro recouverts de graffitis nous ramènent tant aux racines de la discipline qu’aux premiers pas de l’artiste. En prenant de l’altitude, on évolue vers la démarche artistique la plus récente, en passant par les innombrables esquisses, réalisées ou non, qui foisonnent et se bousculent dans le cerveau de cet éternel enfant.

Grâce à la miniaturisation, l’installation nous emmène très loin… aux racines mêmes du graffiti, dans le New York de la fin des années 70 où le mouvement a vu le jour. Avec ses wagons, Gris1 rend certainement à ses pionniers le plus bel hommage depuis Style Wars en 1983 (1). Rappeurs, breakdancers, graffiteurs, alors tous unis sous la bannière hip-hop, ont enfanté plusieurs générations d’artistes qui se sont inspirés de cette culture. C’est ainsi qu’à Marseille dans les années 90, notre minot fait ses armes sous le pseudo de Lime. Déjà remarquable par la fertilité qui se dégage de ses grafs, il imprime un style qui lui est propre sans jamais être redondant. Jusque dans ses flops (lettrages en forme de bulle effectués en un trait, par exemple), on perçoit une incroyable recherche, tandis que ce style, bien que compliqué à réaliser, évoque généralement la simplicité. En 2003, il réalise La France d’en bas, premier livre consacré au graffiti du Sud. Histoire de se faire un peu mousser, rappelons que Ventilo a eu le flair et le plaisir de lui confier la création de trois couvertures. Il évolue désormais à Lyon au sein du collectif Da Mental Vaporz avec qui il réalise de gigantesques fresques et toiles collectives.

Changement de nom, changement de ville, évolution de style… : la présente installation est le reflet de toutes les années de travail et du quotidien d’un artiste qui ne se prend pas la tête sans en avoir l’air. Avec ses ébauches sur Post-it auxquelles se mêlent des notes personnelles, bienvenue dans l’intimité de Gris… On pourrait passer des heures à les contempler, se disant que ce gars-là n’est pas tout seul dans sa tête ! Alternant acrylique et marqueur sur toile, crayon et feutre sur papier, dessins à même le mur, cette exposition s’avère si passionnante et fournie qu’on en perd toute notion du temps. La configuration de la galerie n’y est pas étrangère : on y termine sa déambulation au plus haut point, songeur devant un astre coloré aux multiples facettes. Entré Backside au coucher du soleil, c’est dans la lune qu’on en repart…

 

Laurent Jaïs

Gris1 : jusqu’au 8/11 à la Backside Gallery (88 rue de l’Evêché, 2e).

Rens. 06 22 52 85 53 / www.backsidegallery.com

Notes
  1. Mythique film documentaire d’Henry Chalfant et Tony Silver, qui retrace les débuts du hip-hop et du graffiti à New York. Pourtant disponible en France en coffret DVD il y a quelques années, il est aujourd’hui devenu introuvable. Probablement en location au Vidéodrome…[]