Green Zone (Etats-Unis – 1h55) de Paul Greengrass avec Matt Damon, Greg Kinnear…

Green Zone (Etats-Unis – 1h55) de Paul Greengrass avec Matt Damon, Greg Kinnear…

Droit d’ingéRANCE

cine-Green-Zone.jpg

Entre documentaires (Farenheit 9/11, Le monde selon Bush…) et drames (Démineurs, Redacted, Battle for Haditha…), le conflit irakien s’est avéré une grande source d’inspiration pour les scénaristes américains. Green Zone, septième opus de l’Anglais Paul Greengrass, s’inscrit aujourd’hui comme l’œuvre la plus critique dans cette lignée. Rien d’étonnant au fait de retrouver le réalisateur de la trilogie Jason Bourne aux manettes, étant donné l’affection qu’éprouve cet ancien journaliste pour les fictions historiques, comme en témoignent Bloody Sunday sur les évènements tragiques du 30 janvier 1972 à Derry en Irlande, et Vol 93 sur les attentats du 11 septembre 2001. Ici, le spectateur suit l’enquête de l’intègre et courageux adjudant-chef Roy Miller (Matt Damon), qui cherche à prouver l’existence d’armes de destruction massive en Irak. A travers ses plans saccadés, au service des nombreuses scènes d’action, et l’impression de reportage donnée par l’usage nerveux des caméras, Paul Greengrass nous plonge dans une intrigue haletante à l’esthétique très réaliste. Sur le fond, la crédibilité de Green Zone repose sur une collaboration active du réalisateur avec des vétérans de cette guerre et des agents de la CIA. Au-delà du désespoir des populations locales, premières victimes des guerres, le film multiplie les charges sévères, et ô combien appréciables : de l’absurdité de la chaîne de commande, où l’obéissance aveugle aux ordres prime sur le droit à la parole du simple soldat, aux conséquences de l’imposition d’une démocratie par la force au nom du droit d’ingérence. A l’instar du héros du film, on se demande bien comment le peuple américain peut continuer à croire aux promesses de son gouvernement. Toute vérité ne serait-elle pas bonne à dire ? La capacité à la justifier est peut-être le véritable nerf de la guerre.

Guillaume Arias