<em>Georges Dandin – La Farce du marin confondu</em> au Théâtre de Lenche

<em>Georges Dandin – La Farce du marin confondu</em> au Théâtre de Lenche

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Drôle de drame

Après Les Bonnes de Jean Genet, Ivan Romeuf et la compagnie L’Egrégore poursuivent avec Georges Dandin leur exploration de l’ambivalence des textes.

Ivan Romeuf aborde le texte de Molière avec un regard et un traitement qui en tempèrent l’aspect comique. Il ne cherche pas – exception faite de La Jalousie du barbouillé en épilogue – à faire rire des travers des personnages, prenant au contraire la mesure d’une errance et ne s’interdisant pas d’en sourire. En guise de rideau, un écran de fumée masque le décor, d’où émergent seulement quelques ouvertures éclairées. Un décor qui participe du dévoiement vers la tragédie. Car là où la comédie, souvent haute en couleurs, s’accommode des décors ordinaires domestiques et champêtres, la mise en scène tragique construit un décor tout en noir. En achetant une épouse avec un titre, Dandin sait qu’il s’est perdu. D’ailleurs – et les costumes rejoignent là l’intention du décor – c’est le seul, avec son serviteur Colin, à être tout de noir vêtu. Monsieur Sottenville et Clitandre, majoritairement en blanc, rayonnent, presque surexposés. Quant à Angélique, Madame Sottenville et les suivants, ils se situent entre les deux : noir, blanc, gris. Si Denys Fouqueray est dans le grave, Maurice Vinçon et Joëlle Brover s’avèrent tout autant délicieux qu’effrayants, quand Catherine Swartenbroeckx et Eric Poirier se révèlent excellents dans le registre plus gai qu’ont les servants chez Molière. Enfin, Sandra Trambouze est tout à la fois drôle et charmante. Dans la farce finale de >La Jalousie du Barbouillé, la troupe laisse libre cours à une délirante fantaisie et les rires se font plus francs.

Texte : Frédéric Marty
Photo : Jeanne Marty

Georges Dandin – La Farce du marin confondu : jusqu’au 7/04 au Théâtre de Lenche (4 place de Lenche, 2e).
Rens. 04 91 91 52 22 / www.theatredelenche.info