La Gare Franche

La Gare Franche

Nouveau départ

 

Depuis la mort de son fondateur, la Gare Franche se renouvelle. Tour d’horizon des nouveaux projets d’un lieu innovant et unique en son genre.

 

Une maison familiale entourée de jardins, une usine réhabilitée, un chien, des poules et des enfants qui passent en riant : bienvenue à la Gare Franche. Niché au cœur des quartiers nord, dans le village Saint-Antoine, ce laboratoire de créations artistiques accueille des artistes en résidence toute l’année, pour leur permettre de développer leurs projets et de participer, à leur manière, à la vie du quartier. Acteurs, chorégraphes, jardiniers et même architectes viennent s’installer pendant quelques jours, voire semaines, pour distiller leur savoir-faire. Les habitants sont, eux, invités à passer. Et le lieu s’y prête parfaitement : à la frontière entre Saint-Antoine et le Plan d’Aou, il est un trait d’union entre le village et la cité. « Tout le monde se croise, ça permet de démystifier l’artiste : c’est aussi quelqu’un qui boit du café dans le jardin et qui peut discuter de tout et de rien, résume Catherine Verrier, coordinatrice de la Gare Franche. L’essentiel c’est qu’il y ait une rencontre. »
Une rencontre qui aurait pu disparaître en mars 2013, avec le décès du fondateur des lieux, Wadyslaw Znorko. Comment continuer quand l’âme créatrice n’est plus là ? « Nous avons décidé que le passage d’artistes en résidence n’était plus assez, qu’il fallait aussi s’inscrire dans la durée, confie la coordinatrice. Et nous avons fait le choix d’inviter un artiste à l’a(e)ncre » (qui prend ancrage pour écrire son projet). Parmi la quarantaine de candidature reçue, ils retiendront celle d’Alexis Moati. Arrivés en septembre pour une période de trois ans, lui et sa compagnie Vol Plané ont déjà fait leur nid. « Il vient apporter sa propre discussion avec le quartier et collaborer au travail artistique de la Gare Franche. Il n’est pas directeur, mais collaborateur », précise Catherine Verrier.
Et le nouveau venu n’est pas avare en idées. Un spectacle, Et le diable vint dans mon cœur, est déjà en chantier. Une période de la vie qui intéresse particulièrement Alexis Moati puisqu’il prévoit également de mettre en place un « groupe des 15 » : quinze adolescents, de quinze ans, du quinzième arrondissement, avec qui il travaillera pendant trois ans. « Ils seront des témoins privilégiés du théâtre. Je veux enflammer quelque chose, transmettre, faire découvrir et rencontrer des gens du milieu, raconte avec enthousiasme le metteur en scène. Je suis face à des gens qui ont une énergie à canaliser. L’avenir de la ville passe aussi par ce travail-là. » Parmi les autres projets prévus, des invitations lancées à certaines compagnies pour venir travailler ensemble et « permettre des ouvertures car il faut irriguer le lieu avec de nouveaux regards », mais aussi aux diplômés de diverses promotions du Jeune Théâtre National. « Ce lieu est une espèce rare qu’il faut réinventer et questionner. Hors des logiques de productions, il permet de prendre du recul. » Terre d’accueil, espace de passages éphémères et de rencontres entre les êtres, la Gare Franche n’a décidément pas volé son nom.

Mathilde Gérard

 

La Gare Franche : 7 Chemin des Tuileries, 15e.
Rens. : 04 91 65 17 77 / www.cosmoskolej.org / www.vol-plane.com

Le 15/11 à 19h, spectacle de Valérie Costa, chorégraphe. Entrée libre et gratuite avec soupe offerte, sur réservation