Frédéric Flamand © AFP

Frédéric Flamand quitte le BNM…

Dix ans en rose

 

Frédéric Flamand quitte le BNM après dix années passées à la tête de sa direction. Le moment est donc venu de faire le point sur l’héritage qu’il nous laisse et sur les souvenirs d’une programmation prolifique dans ses moyens et sa diversité.

 

Une chose ne peut être contestée, c’est l’amour de Frédéric Flamand pour Marseille. On connaît des directeurs d’institutions qui ont quitté cette ville avec un bras d’honneur mérité, faute de moyens ou d’adversité (Nathalie Erginot au Mac), mais du côté du BNM, on parlera plutôt de reconstruction après le séjour controversé de Marie Claude Pietragalla et le règne sans fin de Roland Petit. Du côté du répertoire, le BNM a su se renouveler avec le formidable Sextet de Thierry Malandin, Tempo Vicino de Lucinda Childs,  Mayday, Mayday, Mayday de Yasuyuki Endo ou encore Organizing Demons d’Emmanuel Gat. Ça se compte sur les doigts d’une main, mais c’est révélateur de la diversité qu’a impulsée Frédéric Flamand pour ce ballet, tentant par là même d’affranchir le danseur d’une technique codifiée pour l’emmener vers la polyvalence du contemporain. On retient également les bourses accordées aux danseurs pour créer des pièces de vingt minutes et les coller au mur de leurs contradictions et d’une nécessité de dire « je », ou le groupe Dance impulsé avec Wayne Mac Gregor et Angelin Preljocaj sur la formation du danseur. Là où le bât blesse, c’est du côté des grosses productions, car si l’enthousiasme de Frédéric Flamand peut être contagieux, son travail d’auteur nous interroge sur les moyens déployés pour s’associer à des artistes de renom (Dominique Perrault, les frères Campana, Wei Wei, Hans Op de Beeck) dans des thématiques universelles : l’urbanisme, le monde du design, l’image miroir, le mythe d’Orphée. On ne le redira jamais assez, la danse est avant tout une affaire de posture et de point de vue et là où le surnombre nécessite de déshabiller la fragilité de l’individu, Frédéric Flamand a pris le parti de l’infiniment grand pour que chacun trouve sa place, en démultipliant la puissance du Ballet au risque de perdre le particulier. On s’interroge donc sur la politique de ce Ballet et l’on souhaite la bienvenue à sa nouvelle direction avec les nominations d’Emio Greco et Peter C. Scholten.

Karim Grandi-Baupain