Shargorod, Ukraine de Francesco Finizio

Francesco Finizio – Something for Everybody dans le cadre des RIAM

Humains après tout

 

Programmée dans le cadre des RIAM (Rencontres internationales des arts multimédias), l’exposition de Francesco Finizio chez Vidéochroniques colle parfaitement à la thématique de cette neuvième édition : Now Future.

On entre dans l’exposition de Francesco Finizio sur la pointe des pieds, à l’image de l’artiste qui, à première vue, propose une intervention minimale dans l’espace de la galerie. Dans un premier temps, le visiteur découvre l’installation Vision Center : des chaises de toutes sortes, de toutes marques et de toutes époques sont méticuleusement alignées, scrupuleusement distanciées du mur sur lequel sont accrochés des objets rectangulaires, cheap, en plastique, figurant à la fois l’écran et le monochrome. D’emblée, on se dit que tout va parfaitement mal. Ces plateaux et ces couvercles nous renvoient à quelque chose d’assez essentiel, et d’assez cruel. On se rappelle Fahrenheit 451, on imagine des gens, on s’imagine soi-même, face à ces écrans. L’écran nous hypnotise, nous abstrait de toute réalité.
On retrouve ce côté hypnotique dans Visionquest, vidéo dans laquelle des Terriens (ou ce qu’il en reste) conversent via des écrans d’ordinateurs, puis se rencontrent pour ne plus se séparer, dressant le tableau peu réjouissant des bonheurs d’hier et d’aujourd’hui. Les deux personnages de polystyrène, déshumanisés au possible, jouent aux humains d’autrefois, dans une lumière bleue et violemment crue.
Francesco Finizio ne rentre pas dans le vif du sujet, il évoque, il frôle et laisse le visiteur se faire son idée sur les choses. L’idée se fabrique par association ou transfert, les formes et leurs forces évocatrices suffisent. L’artiste dit chercher « à mettre à nu la difficulté de transmission. » Pour ce faire, il favorise souvent l’expérience et notre aptitude à se prêter au jeu… Ainsi, pour Progress Plaza / Pussy Palace, le spectateur se retrouve face à un mur qui ferme la moitié de la galerie. Un mur de bric et de broc, de planches de récup. Finizio n’est jamais dans une esthétique ou dans une efficacité visuelle séductrice, considérant que « l’artiste n’est pas designer. » C’est au-delà du beau et du bien fait qu’il faut aller chercher ses œuvres. L’essentiel est ailleurs, dans l’expérience que le visiteur va vivre en acceptant de se mettre à quatre pattes pour entrouvrir la chatière. A vous de voir…

Céline Ghisleri

Francesco Finizio – Something for Everybody : jusqu’au 22/12 à Vidéochroniques (1 place de Lorette, 2e), dans le cadre des RIAM.
Rens. 09 60 44 25 58 / www.videochroniques.org

Pour en savoir plus : www.documentsdartistes.org/finizio/page1.html