Focus 161 - Emilie Simon

Focus 161 – Emilie Simon

Qu’est-ce qui peut faire passer un artiste, ici Emilie Simon, des bancs de l’Ircam au matraquage télévisuel de mise sur M6 ? (lire la suite)

Qu’est-ce qui peut faire passer un artiste, ici Emilie Simon, des bancs de l’Ircam au matraquage télévisuel de mise sur M6 ? Peu de réponses possibles : d’un côté, le vœu d’une vie de Nouvelle Star, donc une compromission totale et un oubli ad hoc des raisons viscérales pour lesquelles on a choisi de taper les touches d’un piano plutôt que celles d’une caisse enregistreuse… Ou, cela peut faire sourire, une révolution sur nos petits écrans : la télévision qui jouerait un rôle de tête chercheuse, de passeur de culture, de celle qui vit et se vit dans les souterrains de la création. Point de « grand soir » cathodique en prévision, encore moins de « crise de foi » chez mademoiselle Simon… Cette jeune Montpelliéraine a plutôt réussi à mitonner une musique située à la frontière du savant et du populaire, un dosage parfait entre bidouillages électroniques et recherche sonore, mélodies accessibles à tous et musicalité. Cette dualité, qu’elle n’a cessé de cultiver sur ses précédents opus, semble avoir atteint un équilibre parfait sur sa dernière livraison, l’excellent Végétale. Alors que son premier album éponyme à l’électronique discrète se caractérisait par sa légèreté « popisante » plutôt bien maîtrisée, le second se voulait plus expérimental, pour mieux se soustraire aux images du film qui a tant inspiré le service comm’ de Canal + (une publicité hilarante mettant en scène des clones de Napoléon se dandinant sur la banquise). Sorte de synthèse des deux précédents, le nouvel opus accentue les contrastes précédemment évoqués, et révèle l’attachement grandissant de la jeune femme pour les machines. Cette musicienne classique, multi-instrumentiste, dit avoir découvert sur le tard la puissance des sonorités robotiques au cours d’une grand messe electro, en calant sa voix sur le mix dancefloor d’un ami. Auparavant réfractaire aux samples et autres incursions synthétiques, elle utilise désormais le coté explosif des rythmiques électroniques pour transposer à son univers paisible, intimiste et onirique l’énergie physique de la techno. Ainsi, les nouvelles compos d’Emilie ont gagné en intensité, en richesse, en sueur et devraient prendre toute leur dimension sur la scène de l’Espace Julien, lors d’une prestation que l’on prédit comme un temps fort du mois.

Jean-Pascal Dal Colletto

Le 26 à l’Espace Julien, 20h30. Rens. 04 91 60 61 62
Dans les bacs : Végétale (Barclay)