More Aura de et avec Véronique Tuaillon © Jerome Humbrecht
More Aura de et avec Véronique Tuaillon © Jerome Humbrecht

Festival Tendance Clown 2020

Clownés sur place

 

Clownés sur place ? Oui, dans un certain sens, puisque les annonces gouvernementales et la crise sanitaire obligent de nombreux spectacles à se réfugier sous les voûtes du Daki Ling. Oui — et celui-là est franc et massif — puisque fort de ses quinze ans d’existence, le festival Tendance Clown nous offre, cette année encore, une programmation de grand luxe.

 

Échappée du cinéma muet nord-américain et du cirque, le clown est une discipline à part entière, fondamentalement plurielle dans ses modes d’expression — c’est « Tendance » !

Le directeur du Daki Ling et du festival, Christian Favre, préfère pour sa part parler du « clown d’aujourd’hui », celui qui nous sort le rire des tripes et qui nous fait oublier, l’espace d’une représentation, le « monde du dehors » — à l’heure où l’expression a pris une résonnance franchement suspecte…

Qu’à cela ne tienne, allons donc nous fendre la poire au 45A rue d’Aubagne ! Mais il faut se dépêcher de réserver sa place pour (re)découvrir les pépites de cette édition. Dans l’ordre de ce joyeux bordel, et au hasard d’une programmation soigneusement concoctée, embarquons pour le grand huit des émotions avec More Aura de et avec Véronique Tuaillon, furieusement plébiscité au festival 2018 de Châlons-en-Champagne. Poursuivons dans le rire engagé avec les « comédiens qui z’ont des gueules de philosophes » de la compagnie Rascar Capac, qui présenteront Nique sa mère la réinsertion : le titre en dit assez long…

Du gag visuel en cascades, dans un univers plus circassien, avec Élise Ouvrier-Buffet (référence en la matière) et sa Poisse, qui met en scène (Élise, pas Poisse, heureusement…) le spectacle suivant du cow-boy monocycliste Maxime Bernery dans À l’Ouest (tout est nouveau, rassurez-vous !). Puis ce sera au tour de la fée Cristalline de conter son histoire dans Fée de l’incontournable Fred Tousch (puisqu’on parlait de références…) et de mener son monde à la baguette ; décidément bien malmené, ce monde, par des tristes sires moins… poétiques ?

On ne saurait tout dire, tout voir (qu’est-ce qu’on voudrait, pourtant !), mais signalons quand même le retour des inénarrables Chiche Capon avec le solo « existentiel » Hobobo, ou de Carnage Production avec Ma vie de grenier, qui narre l’existence de Gaëtan Lecroteux, émouvant et désopilant gaffeur. À ne pas manquer, La Ferme des animals du collectif Xanadou, qui nous invitera, à travers une lecture très personnelle du roman d’Orwell, à nous interroger sur les notions d’autogestion, de liberté, de répression… bref, sur une société (de) malade(s).

Promesse tenue pour ce festival Tendance Clown 2020, qui accordera ses faveurs à l’automne, covid oblige… Et dire que ça recommence au printemps suivant ! Grâce, Auguste nez rouge, que l’on reprenne son souffle !

 

Antoine Nicoud-Morabito

 

Festival Tendance Clown : du 1er au 18/10 au Daki Ling (45A rue d’Aubagne, 1er).

Rens. : www.dakiling.com/tendance-clown/line-up-du-festival/

Le programme complet du festival Tendance Clown ici