Festival Numéro Zéro

Zéro déchet

 

Proposé par La Miroiterie et le Cinéma le Bourguet, le festival Numéro Zéro se déploie de nouveau dans les Alpes-de-Haute-Provence, pour sa septième édition. Un ensemble tout à fait remarquable de propositions artistiques, transversales, du cinéma à l’expérimentation sonore.

 

 

Rares sont les manifestations protéiformes dont le geste même, en qualité de passeurs, parvient à réinventer, dans l’espace et le temps de la rencontre, une manière d’être collectivement au présent, au-delà de l’expérience vécue, donc fondamentalement, de rebattre les cartes de ce hic et nunc qui rend l’instant unique. Le diable étant dans les détails, l’alchimie qui permet cette réussite reste un ensemble de facteurs presque immatériels, et l’imaginaire développé par le mouvement collectif en fait partie.

Sans hésitation, le festival Numéro Zéro fait partie intégrante de ces propositions hors normes : pour sa septième édition, au cœur des Alpes-de-Haute-Provence, les équipes de La Miroiterie et du Cinéma le Bourguet nous ont derechef concocté un parcours artistique splendide et kaléidoscopique, mêlant projections, expériences sonores, rencontres ou autres installations. À l’instar des précédentes éditions, le volet cinématographique est de magnifique facture, à commencer par la mise en lumière du cinéaste Pierre Gurgand, qui rajouta une pierre de taille, dans les années soixante et soixante-dix, aux grandes heures de l’Éducation Populaire, en travaillant avec les habitant·e·s, dans une temporalité nécessaire pour planter les graines d’une ouverture au monde à travers l’image en mouvement. Comme en témoignent Opéra-TrigoCiel d’eau ou Préambule, que l’éminent historien du cinéma Federico Rossin présentera pour l’occasion. Une œuvre qui entrera en résonnance avec les films d’ateliers réalisés par les jeunes du Domaine d’Auroué, dans le cadre du dispositif Passeurs d’Images. Parmi les opus sélectionnés cette année, citons entre autres la présence du réalisateur Sergio Guataquira Sarmiento, pour le très beau Adieu sauvage, consacré aux Cacuas, communauté autochtone colombienne presque disparue. Mais également les rencontres avec les cinéastes Aline Pénitot pour Isabelle Joschke, seule en mer, Alain Kassanda pour Coconut Head Generation, Marie-José Aiassa et Valérie Deschênes pour l’émouvant Femmes de mineurs, Joris Lachaise pour Transfariana ou Stefano Savona pour Les Murs de Bergame, dont nous reste en mémoire l’émouvant Samouni Road, en 2018.

Autant de rencontres uniques, dans une véritable intelligence de choix, qui témoignent là encore d’un regard sur le cinéma fort rare, mais toujours empreinte de partages. Sans omettre bien évidemment la carte blanche offerte au fameux Festival Aflam, qui quitte les rives phocéennes pour l’arrière-pays provençal, avec dans son escarcelle, les films Vibrations from Gaza de Rehab Nazzal, ou Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues de Wissam Charaf, dont était sorti l’année dernière l’excellent opus Dirty Difficult Dangerous.

Ces cinq journées fourmillantes regorgent de propositions absolument diverses, en l’occurrence un chapelet d’expériences sonores passionnantes, telles que l’installation Citizen Band, la rencontre-écoute avec Cabiria Chomel, la fiction sonore Les Cueillettes de Lure ou la séance d’écoute Des mots comme des oiseaux. Si l’on ajoute à cette sémillante programmation les ateliers, les conférences, dont « Collectifs féministes d’Amérique Latine : Cine-Mujer et les autres », ou l’exposition de François Xavier Emery, nous trouvons là le mélange idoine pour un événement propre à transporter et transformer nos regards, et plus largement nos sens.

 

Emmanuel Vigne

Festival Numéro Zéro : du 17 au 21/04 à Forcalquier et Saint-Étienne-les-Orgues (04).

Rens. : festivalnumerozero.com