Orianne Moretti (avec Ilya Rashkovskiy lors d'un concert à l'Orangerie) © Charles-François

Festival Musiques Interdites 2019

Sans interdit

 

Depuis quatorze ans, le festival Musiques Interdites animé par Michel Pastore recherche inlassablement ces musiques qui, en leur temps, furent interdites, ostracisées par des dictateurs de tous poils. Petit tour d’horizon.

 

Ces compositeurs qui ne durent leur survie qu’à une fuite à l’étranger ou furent forcés de se taire, voire de mourir en camps de concentration et autres goulags, sont pourtant les auteurs de partitions recelant des trésors qu’il faut d’autant plus découvrir que ces musiques forment souvent le lien entre celles du XIXe siècle et les compositeurs actuels. Korngold, Kurt Weill, Mahler et bien d’autres, honnis par le Troisième Reich ou la dictature stalinienne, sont à entendre par nos oreilles du XXIe siècle. Depuis 2004, l’Association pour le Festival Musiques Interdites réhabilite des œuvres qui retrouvent ici la place qu’elles auraient dû avoir et les fait découvrir aux plus jeunes par une action pédagogique dans les lycées et collèges. Et chaque année, le public est conquis, ému.

Mais cette action de retrouvailles n’est pas le seul objectif de l’association. Bien souvent, ces œuvres sont à l’origine d’un travail de re-création par de jeunes compositeurs qui combinent talents et inspirations. C’est ainsi que sera donné cette année à l’Opéra de Marseille le sublime  Château de Barbe Bleue de Béla Bartók. Cette œuvre en un acte qui voit se confronter le célèbre châtelain et sa dernière épouse est originellement contée par un chamane. Mais Michel Pastore l’a imaginée comme l’éternel retour du rapport homme/femme et lui donne une nouvelle vie. D’autant plus nouvelle que, dès sa création en 1925, Bartók souhaitait que l’œuvre soit donnée dans la langue du pays, or la précédente traduction en français ne donnait pas satisfaction. Une nouvelle mouture sera proposée, plus conforme au texte d’origine.

Outre cet opéra, cinq concerts lyriques sont au programme, en partenariat avec les Amis de Saint-Victor. Là aussi, une large place sera donnée aux femmes, à commencer par des lieder de l’incandescente Alma Mahler, à qui son Gustav de mari avait interdit de composer avant de comprendre la beauté de ses créations. On entendra aussi un récital d’œuvres de la trop ignorée et pourtant si talentueuse Fanny Mendelssohn, elle aussi interdite de composition par son frère cadet, Félix. Au service de ces chants, et pour des mélodies de Meyerbeer, Oriane Moretti, Lucile Pessey, Vladik Polionov et Yoann Pourre. Gustav Mahler figure également en très bonne place pour ces quelques soirées, grâce aux lieder chantés par le contre-ténor Rémy Bres et à sa quatrième symphonie dans une version pour orchestre de chambre conservant la soprano soliste, Pauline Courtin.

 

Gisèle Laval

 

Festival Musiques Interdites : jusqu’au 1/12 à Marseille et Aix-en-Provence.

Rens. : musiques-interdites.fr

Le programme complet du festival Musiques Interdites ici