Valérie Kanti

Festival Mehfil

Épices, et tout

 

Initié par l’association marseillaise Taal Tarang-India Arts Academy, le festival Mehfil propose trente jours pour découvrir la riche mosaïque culturelle et traditionnelle de l’Inde, la partager, la rêver… Pour sa sixième édition, le festival passe par de nouvelles villes et lieux partenaires, de Carpentras à Salon-de-Provence, en passant par Martigues et Avignon, jusqu’à son port d’attache, Marseille.

 

 

À la lisière de la musique et du chant, du théâtre et de la danse, du yoga et de la méditation, des arts plastiques, gustatifs et sensoriels, l’événement souligne le dynamisme des programmateurs Maïtryee Mahatma et Nabankur Bhattacharya, qui produisent des artistes indiens et des musiciens régionaux formés auprès de grands maîtres.

C’est la danse, de tradition millénaire, qui ouvre le bal et illustre grâce aux trois styles proposés les codifications issues du Nâtya Shâstra. La « danse pure » exécute une succession d’enchaînements rythmés et de frappés de pieds soulignés par la centaine de grelots noués aux chevilles. Le corps devient alors langage et narre en « théâtre dansé » les exploits des dieux et les légendes. Laurence Fallot exposera au public des épisodes de la vie de Vishnou et Krishna, ses réflexions et son rapport au Kathakali, cet art du Kérala, lors de sa conférence dansée le 13 novembre. En Bharata Natyam, danse sacrée des temples du Sud, Valérie Kanti exprimera les émotions de figures divines et humaines, Shiva, Parvati… en une gracieuse mais non moins énergique dévotion, le 3 décembre. Le Kathak, du nord, est caractérisé par des rythmes virtuoses virevoltants s’enchaînant et soudain se figeant. Dans le spectacle Tarana, Maïtryee Mahatma en traduira la danse pure autour d’une joute musicale (le 27). Qui, du chant, du sitar, du tabla ou des onomatopées, entraînera la danseuse jusqu’à l’extase finale ?

À chaque coin de rue, en Inde, on discerne de la musique : là, un orchestre ambulant, ici un rassemblement festif… comme pour Deepavali, la célèbre fête des lumières pour la première fois au Festival. Elle sera inaugurée par Sylvie Hiély au sitar, qui offre ce ravissement esthétique que sont les ornementations rythmiques et subtiles du raga. Les danseuses et joueurs de tablas de Taal Tarangnous invitent à danser, créer des mandalas et partager cette célébration aux bougies (le 20).

Proposition majeure dans cette édition, la musique hindustani du nord de l’Inde est à l’honneur. L’écoute de deux duos en récital nous invitera au lâcher-prise dans l’univers mélodique, méditatif et coloré de la traditionnelle forme romantique khayal (le 5/12). Une rencontre musicale très attendue autour du chant évoquant poésies lyriques et textes sacrés offrira à Madhubanti Sarkar, chanteuse de Calcutta, une première partie de concert. Suivra l’étonnant récital d’esraj joué par Alexandre Jurain. Son archet frotte, les nombreuses cordes résonnent, nous parlent, le timbre nous saisit ! Le final partagé avec Nabankur Bhattacharya promet des emportements mélodiques et envolées rythmiques qui nous donneront envie de poursuivre la nuit durant (le 10/12).

Pour la dernière soirée, c’est le célèbre guitariste Bernard Margarit — à l’origine de l’ensemble Ganapati qui guidera cette fusion dosant l’exigence musicale entre tradition indienne et jazz-rock à la hauteur de l’effervescence musicale où nous mèneront les artistes. Avec élégance, le corps de la danseuse envoûtée par la musique deviendra prière et la danse une passerelle vers le spirituel pour clôturer le festival (le 11/12).

En parallèle, les stages de danse, musique, yoga et la méditation offrent l’opportunité de s’imprégner de cette culture, tout comme la visite de l’exposition Finding Roots de Satabdi Hati. La plasticienne témoigne non seulement de son identité indienne mais, au travers de la fluidité de sa peinture abstraite colorée, révèle aussi son âme voyageuse en quête d’émotions et de vérités humaines.

Si les volutes de fumées du tchaï et les arômes des plats subtilement épicés proposés à chaque soirée titilleront vos narines, Satya Fraval mettra l’accent sur les vertus des épices indiennes le 27 novembre.

Enthousiastes de retrouver le public, les artistes vous invitent à draper vos saris ou passer vos kurtas et dhotis. Affichez votre tempérament, serez-vous plutôt en vert pour l’harmonie, en bleu pour la vitalité, en orange pour l’optimisme, ou en rouge pour la joie et l’amour ?

Ainsi en est-il des Mehfils, soirées initiées par des Princes Moghols ou Maharajas, où se mêlent les arts et le piquant des saveurs dans un esprit convivial. Namaste.

 

Sylvia Obrados

 

Festival Mehfil : du 13/11 au 12/12 à Marseille et en Région Sud-PACA.

Rens. : taaltarang.com