Festival de Marseille : ciné-concert au Théâtre de la sucrière

Festival de Marseille : ciné-concert au Théâtre de la sucrière

Sucré-salé

Point d’orgue du Festival de Marseille, les trois soirées ciné-concert, familiales et festives, sont l’occasion de réunir traditionnellement amoureux du cinéma et mélomanes du monde dans le cadre sublime du Théâtre de la sucrière, sis dans les quartiers nord. Une heureuse et incontournable manifestation initiée par Apolline Quintrand et Angélique Oussedik d’Arte.

cine-sucriere-caramel.jpgIl y a un an, fraîchement débarqué à l’Elysée, le président de la République définissait, dans une lettre de mission adressée le 1er août à la ministre de la Culture Christine Albanel, les objectifs — et la grande affaire — de la nouvelle politique culturelle : démocratiser la culture. Si, sur le papier, l’idée avait de la gueule, force est de constater que dans les faits, un an plus tard, c’est la soupe à la grimace avec, en guise de pain sec sur le gâteau, la politique de désengagement de l’Etat, en forme de baisse conséquente des subventions (- 17 %). Bref, en 2008, il n’y a guère que les fans de Jean-Marie Bigard, Carla Bruni, TF1 ou des Ch’tis qui pensent que la culture se porte bien. Fort heureusement, dans la sinistrose ambiante, il y a encore des structures, des personnes, des idées qui s’emploient réellement à valider cette idée de vulgarisation de la culture, désireuses de l’offrir au plus grand nombre. Ainsi d’Apolline Quintrand, directrice du Festival de Marseille et d’Angélique Oussedik, directrice d’Arte Actions Culturelles. Travaillant de concert depuis une dizaine d’années, les deux structures offrent au public du Festival en général et aux habitants des quartiers nord en particulier trois soirées ciné-concert au Théâtre de la Sucrière. Ce que nous confirme la directrice d’AAC : « Tout au long de l’année, Arte sort pour ainsi dire de l’écran avec par exemple le festival européen Temps d’Images ; et va à la rencontre du public, en participant à la vie de la cité et en s’associant à de nombreuses manifestations en France, comme nous le faisons avec Les Suds à Arles ou dans le cadre du Festival de Marseille. Lors de ces opérations, Arte Actions Culturelles offre au public des projections gratuites de ses programmes, des avant-premières et propose des places à moitié prix. L’idée est de rendre la culture, sur le terrain, plus accessible. » Au-delà de la démocratisation du prix des places de La Sucrière — 6 € seulement pour un concert enchaîné avec un film — ces festives et délicieuses soirées sont également, depuis 1999, des tentatives pédagogiques d’éveil à l’image et à la musique, en proposant un « autre » cinéma à un public marginalisé, peu rompu aux films d’art et d’essai, ou une musique différente, celle du « monde ». « Arte et le FDM remplissent clairement une mission de service public, surenchérit Angélique Oussedik, en permettant aux milieux défavorisés d’aborder des spectacles de qualité qu’ils ne pourraient pas s’offrir et auxquels ils ne s’intéresseraient pas en temps normal. » CQFD. Cette nouvelle édition ne dérogera pas à la règle, en terme de qualité, puisque La Sucrière verra défiler les 15, 16 et 17 juillet prochains, quelques étoiles de la world music. Comme le trio libanais Ibrahim Maalouf et son jazz « électroriental », le collectif germano-turc Orient Expressions, le luth entre deux chaises musicales, tradition (oud) et modernité (platine) et Bibi Tanga et le professeur Inclassable, ou la relecture électrique/éclectique musicale de l’Afrique. Comme de coutume, les concerts seront suivis par des projections : le sensuel et émouvant Caramel de Nadine Labaki (soirée Liban), le frais et lumineux Julie en Juillet de Fatih Akin (soirée Turquie/Allemagne) et l’extraordinaire et essentiel Bamako d’Abderrhamane Sissako (soirée Afrique). Enfin, pour la première fois, à l’initiative de Mélanie Drouère, responsable de la communication et du développement du Festival de Marseille, et en collaboration avec l’association Tilt, seront projetés entre autres avant chaque projection dans l’arène de la Sucrière des vidéos-portraits réalisés par des habitants du quartier, sous le parrainage du Centre Social de Saint-Louis. « Ne plus avoir peur de s’approprier la culture », nous confiait encore Angélique Oussedik ; comme un écho évident au leitmotiv d’André Malraux : « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. »

HS

Du 15 au 17 au Théâtre de la Sucrière. Rens. www.festivaldemarseille.com