Martin Eden de Pietro Marcello

Festival Cinéma Télérama 2019

Les regards d’Ulysse

 

La vingt-troisième édition du Festival Cinéma Télérama investira près de quatre-cents salles de France, et une bonne part en Région Sud, du 15 au 21 janvier, pour une sélection des coups de cœur 2019, une vingtaine de films qui ont conquis la rédaction.

 

La question secoue régulièrement les amoureux du cinéma, plus précisément d’un autre cinéma, celui d’une création plurielle, vivante et toujours renouvelée : les mass médias culturels dominants, Télérama en tête, pétris d’un centralisme colbertiste, parviennent-ils à embrasser la diversité d’un art protéiforme qui se réinvente pourtant sans cesse, ou confortent-ils une vision oligarchique du cinéma, où seuls quelques-uns — souvent les mêmes — ont le droit de cité ? Force est de constater qu’un constat objectif nous fait pencher pour la seconde option. Ce qui se révélait un temps comme une formidable promotion d’œuvres exigeantes face au divertissement de masse — soit dit sans aucun mépris de ce volet-là de l’industrie cinématographique — s’est, au fil des ans, transformé en chambre d’écho d’une création festivalière trop souvent surestimée. Dont acte avec le Festival Cinéma Télérama qui investira près de quatre-cents salles de l’hexagone pour une vingt-troisième édition mettant à l’honneur la reprise des meilleurs films de l’année (sic), soient les opus ayant rendu hilare le petit Ulysse de l’hebdomadaire, redessiné depuis quelques années par Riad Sattouf. Bien évidemment, quelques grands films, qui feront date, se nichent au sein de cette sélection, de l’excellente Palme d’Or cannoise Parasite de Bong Joon-Ho au Martin Eden de l’un des plus grands cinéastes italiens en exercice, Pietro Marcello, en passant par An Elephant Sitting Still du chinois Hu Bo, Pour Sama de Waad Al-Kateab, voire le formidable film d’animation La Fameuse Invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti. Impossible d’échapper aux mastodontes qui ont fait les belles heures, cette année, des cinémas classés art et essai, de Once upon a time… in Hollywood de Quentin Tarantino à Douleur et gloire de Pedro Almodovar, ou Le Traitre de Marco Bellocchio. Mais retrouver parmi les « meilleurs films de l’année » de purs nanars tels Alice et le Maire de Nicolas Pariser — dont le discours politique frôle l’indigence — ou le largement surestimé El Reino de Rodrigo Sorogoyen, à la mise en scène tapageuse, déroute franchement. Si parmi les sept cents films qui sortent annuellement sur nos écrans, il existe une myriade d’œuvres qui méritaient un réel coup de pouce médiatique, ne boudons cependant pas notre plaisir lors de ces séances de rattrapages toujours bienvenues, accompagnées, à l’instar des précédentes éditions, d’une poignée d’avant-premières.

Emmanuel Vigne

 

Festival Cinéma Télérama : du 15 au 21/01 dans plusieurs salles de la région.

Rens. : www.telerama.fr

Le programme complet du Festival Cinéma Télérama ici