Fast and furious

Fast and furious

Les Neurotic Swingers jouent vite, triment dur et voient loin : normal, ils incarnent la relève d’un punk-rock originel au-delà des modes… (lire la suite)

Les Neurotic Swingers jouent vite, triment dur et voient loin : normal, ils incarnent la relève d’un punk-rock originel au-delà des modes

A la question : « c’est quoi être rock en 2006 ? », régulièrement assénée dans le courrier des lecteurs de la revue Rock&Folk, le commun des mortels répond invariablement, avec plus ou moins de bonheur, par la mise en relief de ses obsessions du moment, bien souvent placées sous le signe de la sainte trinité Sex, drugs & rock’n’roll. Sur la forme, c’est plutôt bien senti. Sur le fond, beaucoup moins : entre une (très) jeune génération qui est aujourd’hui le cœur de cible de cette bible en regain de forme (tout est dit) et une autre, beaucoup moins fraîche, qui clame à longueurs de mails sa nostalgie des dinosaures, on en vient à se demander s’il existe un entre-deux, et qui est vraiment rock’n’roll dans l’affaire. Tentons dès lors d’apporter notre réponse au débat : être rock en 2006, c’est habiter Marseille, une ville où tout reste à faire, une ville où les réseaux échappent encore, et depuis toujours, à la récupération. C’est s’ouvrir au Japon, à l’Allemagne ou à la Scandinavie sans en faire tout un foin, simplement pour partager ce truc viscéral sur lequel le système, quoi qu’on en dise, a peu d’emprise. C’est enfin, et aussi peut-être, faire partie des Neurotic Swingers, un groupe qui symbolise à lui seul tout l’underground, dans sa démarche, dans son attitude. Formé il y a cinq ans sur les cendres de groupes considérés comme pionniers (Sugarfix, Gasolheads, Dollybird), eu égard au revival dont ces messieurs se préoccupent comme de leur premier Perf’, ce combo se pose – avec les Hatepinks – comme la locomotive de l’écurie phocéenne Lollipop, et par extension de toute la scène punk locale, puisque bien d’autres ont suivi leurs traces au hasard de leurs diverses incarnations. Punk : en 2006, le mot est aussi galvaudé qu’un édito de Philippe Manœuvre… mais revêt ici ses oripeaux premiers, tant dans l’approche « D.I.Y » de l’entreprise que dans ses racines musicales (Saints, Pistols, Heartbreakers : même combat). Car en deux albums, et quelques disques disséminés de New-York à Tokyo, les « Neurotics » ont largement montré qu’ils connaissaient leur affaire : jouer le punk-rock des origines avec déférence, classe et conviction, sans jamais se départir d’un sens aigu de la composition – directement hérité de leurs aînés. Sur scène, les quatre hommes ne se posent pas de questions : ils envoient la sauce, et elle prend. La pose n’y est pas le reflet d’une quelconque ambition, mais bien celui d’une putain d’envie d’exister, de rendre à qui de droit, et dans l’instant même, cette flamme qui les anime depuis des lustres. La question est donc maintenant la suivante : les Neurotic Swingers vont-ils, peuvent-ils, doivent-ils quitter l’underground (comme le suggère une reconnaissance nationale qui pointe) pour aller profiter enfin de cette merveilleuse ânerie qu’est le « retour du rock » ? La réponse coule de source, et on s’étonne que nos confrères parisiens aient attendu si longtemps avant d’y apporter un semblant de réponse…

Texte : PLX
Photo : François Guery

Le 17 au Cabaret Aléatoire avec Holy Curse et Aggravation, 20h30. Rens. 04 95 04 95 04
Dans les bacs : Sexy & mysterious (Lollipop/Pias)
www.chez.com/neuroticswingers