Pierre-Emmanuel Barré © Laura Bris

L’entretien | Pierre-Emmanuel Barré

Carrément incorrect et délicieusement trash, l’humoriste est revenu à Marseille avec une conférence dans laquelle « il donne son avis sur tout » et, sous le bras, le livre-programme En route, rien de moins que son « projet pour sauver la France ». Voilà qui valait bien un petit coup de fil.

 

 

Pourquoi ce nouveau spectacle s’appelle Pfff… ?

J’avoue que c’est pas très « covid » comme titre… On a tendance à cracher quand on le prononce.

En fait, il s’appelle comme ça parce que je suis nul en titres. Et puis, ça me paraît ne pas mentir parce que c’est un peu ce que les gens font en sortant de la salle. C’est donc par honnêteté ! (rires)

 

Et pourquoi en avoir fait une conférence ?

J’ai fait trois spectacles de stand up consécutivement et je voulais essayer autre chose que de venir tout nu avec mon micro et raconter des blagues. Je voulais un truc un peu plus théâtral. J’avais clôturé une conférence TedX en 2016 et le côté professoral, avec écran et pupitre, m’avait donné super envie d’essayer de faire ça en spectacle. Le support visuel permet plein de nouvelles choses.

 

Ça renvoie un peu à tes vidéos…

Oui, voilà. Après, il y a une seule petite vidéo dans le spectacle, sinon ce serait du foutage de gueule. Imagine, je reste debout sur scène et je passe des vidéos… (rires)

Bref, le côté conférence donne un air intelligent, avec le costard, le pupitre… Et plus on a l’air intelligent, plus les conneries qu’on dit fonctionnent. Il y a un décalage qui est marrant.

 

Tu portes une cravate aussi ? Il paraît que ça fait sérieux…

Non, juste un petit costard bleu, avec une chemise blanche. Mon objectif, c’était de ressembler à Mounir Mahjoubi, avoir l’air d’un jeune con dynamique.

 

Sur ton site, tu affirmes que le (modeste) objectif de ta conférence, c’est que les spectateurs repartent moins cons et toi plus riche. La deuxième partie de l’affirmation est acquise, mais comment peux-tu nous garantir la première ?

Vu que j’essaie de ressembler à Mounir Mahjoubi, il n’y a pas de garantie malheureusement.

 

Apparemment, dans ton spectacle, tu te demandes si c’est bien raisonnable de laisser des enfants à notre planète. Si on lançait une grande opération de stérilisation mondiale, tu commencerais par qui ?

J’inventerais une machine à remonter dans le temps et je commencerais par la maman d’Emmanuel Macron. Là au moins, on saurait à l’avance qui va être un enfoiré. Tandis que stériliser au hasard, sans laisser aucune chance à personne, ça serait pas très sympa…

 

Tu t’impliques beaucoup dans la campagne présidentielle, via ton journal de campagne en vidéo et ton programme En route. Faisons un peu de prospective : ça va donner quoi, cette élection ?

Rien de bon ! C’est un peu désespérant… Comme d’habitude, je n’en aime aucun ; je trouve ça complètement fou de vouloir être le chef de tout le monde. Donc le seul truc sûr à 100 %, c’est qu’il va y avoir un sociopathe à la tête de l’État !

 

Il y a cinq ans, tu claquais la porte de France Inter en pleine campagne présidentielle justement. À ton avis, qui sera le prochain à la prendre, la porte ?

Si ça ne tenait qu’à moi, ils seraient nombreux à partir ! Et je commencerais par Dominique Seux.

 

Dans En route !, tu évoques Marseille à plusieurs reprises. Page 86, tu affirmes ainsi : « Des Arabes qui cohabitent avec des vieux qui puent l’alcool, si on rajoute les cigales, c’est Marseille ! » D’où te vient cette profonde connaissance de la ville ?

(rires) Parce que je suis venu jouer plein de fois ! J’en parle aussi dans le chapitre sur l’écologie…

 

Oui, justement, quasiment d’entrée, tu affirmes que la cité phocéenne n’a pas attendu la montée des eaux pour être inhabitable. Tu peux développer s’il te plaît ?

En ce moment, c’est pas très compliqué à expliquer, j’ai vu des photos de Marseille… C’est chaud !

 

Non mais c’est bon, la grève des éboueurs est finie !

Ah oui ? J’arrive quand même avec quelques petites photos en réserve ! (rire sarcastique)

 

Plus loin, tu félicites encore Marseille, qui, avec ses règlements de compte, relève le niveau de la France dans le ratio tentatives de meurtres/morts effectives. Avoue, tu adores cette ville !

(rires) Oui, j’adore Marseille ! En fait, je ne connais pas bien, mais j’aime beaucoup jouer ici. Le public est très sympa, comme dans tout le Sud en général.

C’est plus facile de jouer à Marseille qu’à Monaco par exemple. (rires) Le public est plus jeune.

J’avais joué à l’Espace Kev Adams une fois ; c’est bien, vous savez nommer les salles ici !

 

Ventilo est une revue culturelle.

Mais qu’est-ce que je fous là alors ? (rires)

 

Ventilo est une revue culturelle, donc. Aurais-tu des conseils culture pour nos lecteurs ?

En livre, je leur conseille mon livre. En spectacle, je leur conseille mon spectacle. En film, je leur conseille mon film, qui n’est ni écrit ni tourné mais qui va être super ! Et en musique, je leur conseille d’aller voir ma femme (GiedRé) en concert. On est très corporate chez moi !

 

Un mot pour conclure ?

J’arrive Marseille, rangez les poubelles !

 

Propos recueillis par Cynthia Cucchi

 

 

Pierre-Emmanuel Barré présentait sa conférence Pfff… le 24/02 au Silo.

Dans les bacs : En route ! Mon projet pour sauver la France (Marabout)

Pour en (sa)voir plus : https://www.pebarre.com/