Feu! Chatterton

L’entretien | Feu ! Chatterton

À la faveur de leur passage au 6Mic le 3 mars dans le cadre du festival Avec le Temps, nous avons eu la chance d’interviewer Feu! Chatterton, quintet parisien qui réussit à nous emporter toujours plus loin dans son univers musical, aussi bien dans ses prestations scéniques qu’au travers de son nouvel album, Palais d’argile.

 

 

Quelle a été votre réaction lors de votre passage aux Victoires de la Musique et à l’engouement pour votre titre Monde nouveau, devenu emblématique suite à la crise et dans le contexte actuel ?

Nous avons été très heureux d’être nommés dans la catégorie « meilleure chanson », même si nous n’avons pas remporté de prix. Ce moment a été fort car la télévision est une nouvelle fenêtre pour nous faire connaître et découvrir notre univers. On ne passe pas beaucoup à la radio, on a été découverts sur scène et sur les réseaux sociaux, et des émissions emblématiques comme celle-là sont l’occasion de toucher tout le monde. On reste quand même dans une certaine tradition de la chanson française en racontant des histoires comme beaucoup d’artistes français depuis des décennies.

Quant au titre Monde nouveau, il a vraiment résonné avec le public lors de notre retour sur scène l’été dernier, notamment au Théâtre Silvain, qui a été un moment hyper fort avec le public, ça marquait vraiment le retour à une ambiance festive, où les gens chantent, dansent, se touchent…

 

Cette reconnaissance vient aussi de la qualité de votre musique, avec son côté poétique et gracieux mais aussi son côté sombre et plus rock où les paroles sont très écrites, et les mélodies très travaillées.

Comment qualifieriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ou références ?

Pour nous, on appartient à la chanson française à texte, qui existe depuis les années 50, qui est très écrite, réfléchie, avec beaucoup de sensibilité. Il faut le temps d’installer une ambiance et cela ne se fait pas de manière instantanée. On a l’impression qu’on avance à chaque fois une peu plus et qu’il y a de plus en plus de gens qui nous comprennent, qui nous suivent, qui aiment nos propositions et la direction artistique qu’on prend. On essaie de créer un univers sonore dans lequel les gens ont envie d’entrer. C’est aussi par les concerts que les gens nous ont découverts.

On est influencé par différents univers et comme nous sommes cinq, on écoute beaucoup de choses très variées. Beaucoup de nos influences ne viennent pas de la chanson française, notamment au niveau de la production. On aime beaucoup Radiohead, Pink Floyd, le Velvet Underground, ou d’autres groupes de musique anglo-saxonne. On est un groupe qui a grandi avec le rock, donc forcément on vient de là. Après, on est aussi influencé par la musique électronique d’artistes comme Aphex Twin ou The Knife, par exemple. Je pense qu’on pourrait même nous qualifier de groupe pop rock ou pop indé, selon qui nous écoute.

 

Comment se passe la création entre vous, et comment s’est passé l’écriture de ce dernier album entre la distanciation sociale, les confinements, etc. ?

L’écriture est un long processus. On a commencé à écrire des chansons à l’été 2019 ; elles étaient au départ destinées à un spectacle qui devait avoir lieu en avril 2020. Ce pré-travail a été, en quelque sorte, l’ossature de notre album Palais d’argile.

En général, on commence à écrire à deux, en composant la majorité des chansons. On s’est isolés dans les Cévennes et on a commencé à écrire les mélodies, les accords, et quelques idées d’arrangements. Puis, comme toujours, on a des périodes où on se retrouve tous et on travaille ensemble, et d’autres de pause. Là, on s’est confiné tous les cinq et on a commencé à retravailler des choses, à modifier la matière, à chacun faire des propositions. On a fait des pauses dans le travail pour après finaliser le disque et l’enregistrer en studio avec Arnaud Rebotini à la prod’. Tout le monde a son mot à dire dans la création, car tout le monde doit jouer et ressentir des émotions.

 

Au-delà de la musique, est-ce que Feu ! Chatterton est aussi un art de vivre, une façon d’être, un rapport au monde ?

Nous sommes comme une micro société à cinq, à la recherche d’un idéal auquel on croit. On veut rester tournés vers un idéal et accepter les avis de chacun. Au jour le jour, on est quand même confrontés aux autres, à l’altérité et donc c’est bien d’accepter que l’on soit différent et qu’on n’ait ni les mêmes envies ni les mêmes émotions, sans pour autant perdre de vue notre idéal. Tout le monde devrait accepter la différence et les désaccords, et être capable de dialoguer avec les autres. On peut faire de belles choses à plusieurs. Notre vie tourne autour du groupe, même si on a aussi d’autres activités.

 

Pour revenir à l’album, on sent la touche électronique très contemporaine, avec des sonorités plus pop, plus aériennes qui permettent aussi, d’une certaine façon, de toucher un large public, de rassembler les gens. Au-delà de l’ambiance rock, on sent l’envie d’aller vers plus de légèreté…

Cela a toujours été dans notre ADN. Dans le deuxième album, ce côté-là n’était pas venu de manière naturelle, mais cette fois, on avait envie de faire danser les gens tout en essayant de continuer à parler de choses sérieuses, plus tristes. C’est aussi parce qu’on aime bien créer des contrastes, et du côté de la production, ça se sent davantage.

 

Pour conclure, quelle est la suite pour 2022 ?

On démarre la tournée qui va durer une année, jusqu’en janvier 2023. On a pas de mal de dates de festivals et plein d’autres projets avec le groupe, donc on est plutôt contents !

 

Propos recueillis par Cécile Mathieu

Feu! Chatterton : le 3/03 au 6mic (Aix-en-Provence), dans le cadre du festival Avec le Temps.

Rens. : https://festival-avecletemps.com