Electro(ns) libre(s)

Electro(ns) libre(s)

Créateurs de sons atypiques sur une scène électronique trop souvent assimilée au clubbing, Cédric Pigot et Goh Lee Kwang viennent jeter un pont entre Marseille et Kuala Lumpur pour donner à entendre la facette ambient et organique du polyèdre electronica…

Créateurs de sons atypiques sur une scène électronique trop souvent assimilée au clubbing, Cédric Pigot et Goh Lee Kwang viennent jeter un pont entre Marseille et Kuala Lumpur pour donner à entendre la facette ambient et organique du polyèdre electronica

Il existe un peu partout dans le monde une riche scène musicale expérimentale. Le peu d’écho qu’elle suscite dans notre sévère démocratie résulte simplement du formatage constant des structures et des médias tenus à un rentabilisme rampant. Pour autant, des structures indépendantes se rapprochent et diversifient leurs activités de la simple représentation spectaculaire. L’Embobineuse, le RIAM, data, la Kuizine, Monnaie de singes, Plastol, smp, Buy-self : un réseau cohérent se construit à Marseille. A une autre échelle, des artistes comme Cédric Pigot et Goh Lee Kwang échangent et trouvent dans le monde de l’art contemporain une possibilité de diversification de leurs actions, dans lesquelles la musique s’entend comme le plus efficace vecteur d’une pensée poético-onirique et post-technologique. Leur travail étendu à des dispositifs intégrant la vidéo, le dessin, le plastique puise également dans l’univers des recherches scientifiques les plus étranges, et interroge notre rapport à la réalité ainsi que le devenir de notre intelligence sacrifiée à un scientisme pro-humaniste et irrespectueux des forces de la nature[1].
La frontière qui nous sépare d’un pays comme la Malaisie disparaît dans cette constatation si évidente : partout dans le monde et au-delà des clivages, une culture particulière existe, une pensée de l’unicité résiste au formatage d’un système dont chacun ressent intimement le besoin de s’extraire[2] . Comme en réponse à l’insondable inutilité du vote, nous tentons de percevoir de ces no man’s land imaginaires comme un appel à la résistance passive au consumérisme, le développement d’une nouvelle pensée, directement inscrite dans l’émotion et en contact avec le cosmos de l’infiniment petit, la sage et complexe douceur des sons venus d’un ailleurs télépathique, précognisseur et probablement extra-terrestre. Les expériences de communication tentées notamment, en 1999 et 2000 au centre d’astronomie de Saint-Michel, par Pigot, Moulin et Cuxac se poursuivront à l’occasion de ce concert, et en septembre prochain à l’Observatoire de Haute-Provence[3].

Texte : Olivier Maurel
Photo : Philippe Cuxac

Cédric Pigot & Nicolas Moulin + Goh Lee Kwang, le 15 à l’Embobineuse, 21h
www.lembobineuse.biz

Notes

[1] plus d’infos sur http://rrlyrae.free.fr et www.obs-hp.fr

[2] cf la compilation Beyond ignorance and borders produite par Kirdec (Syrphe Records) et intégrant des projets électroniques turcs, égyptiens, algériens, mongols, indonésiens, etc.

[3] ainsi dans de multiples collaborations avec Nicolas Moulin, artiste plasticien invité, comme Cédric Pigot lors de l’édition 2008 du RIAM