Edito 250

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Sunday bloody sunday

Dix blessés dont un hospitalisé, des vitrines brisées, des voitures et des rames de TGV dégradées, seize gardes à vue, des centaines de milliers d’euros perdus (1)… : dimanche à Marseille, la grippe A a fait des ravages, mais pas ceux escomptés par le quelque peu paranoïaque ministère de la santé. Moins de 24 heures après avoir fermement (pour ne pas dire catégoriquement) annoncé le maintien du match OM-PSG, Frédéric Thiriez, le président de la LFP (Ligue de Football Professionnel), décidait en effet de reporter le « classico » sur les recommandations du comité interministériel de crise (2) — et cela, sans même consulter le préfet de police, Philippe Klayman, mis au pied du mur à 13h30. On ne compte plus les « dommages collatéraux » entraînés par cette décision qui « relève de la pure inconscience », comme l’a justement remarqué Frédéric Dutoit (président du groupe PCF au conseil municipal). Laquelle, ajoutée à l’attitude stupide des centaines de « supporters » qui ont transformé le centre-ville de Marseille en théâtre d’une lamentable guérilla urbaine, ruine « dix ans de progrès patients dans la gestion de la sécurité des OM-PSG. » Comment en effet ne pas avoir pressenti les dégâts occasionnés par le report d’une rencontre qui, en temps ordinaires, génère déjà son lot de tensions ? Dans un excellent article (3), notre confrère de L’Equipe Cédric Rouquette n’hésite pas à pointer les questions de fond soulevées par ce fiasco, au-delà de la date du report du match et des déclarations sur le prétendu endiguement du hooliganisme ou le non moins prétendu renforcement de la sécurité cher à notre petit Népote… Il y blâme les hautes instances du foot pro français et leur credo « The show must go on », aux dépens de la santé des joueurs et de leur encadrement (dont la LFP semble se moquer comme de son premier ballon). Et le sport dans tout ça ?

CC/BJ

Notes
  1. Par l’OM (qui avait réservé le stade), Canal + (qui devait diffuser le match), les commerçants du centre-ville, la SNCF (qui porte plainte), sans compter les supporters qui avaient fait le déplacement à leurs frais. []
  2. Sous l’égide du ministère de l’intérieur, il concerne les ministères de la santé, de la solidarité et de la ville et de l’éducation nationale.[]
  3. www.lequipe.fr/Football/breves2009/20091027_112553_l-illisible-tactique-de-m-th.html[]