Edito 247

Edito 247

Septembre 2001. Alors que l’apocalypse vient de frapper le monde en l’un de ses endroits stratégiques, Ventilo s’apprête à sortir son tout premier numéro, préparé dans la confusion, c’est de circonstance, mais aussi dans l’incertitude la plus totale. Ils sont six, tous licenciés économiques du précédent journal pour lequel ils travaillaient — Taktik, un hebdo culturel gratuit qui s’éteint après douze ans de bons et loyaux services rendus à sa ville. Ils ont peu de moyens, ils sont encore un peu jeunes, ils ne savent pas qu’ils vont connaître les squats, les désillusions et les tentatives de corruption, mais bon, ils ont le soleil et une furieuse envie de s’imposer durablement dans le petit monde de la culture à Marseille. Ils ne seraient pas un peu dérangés, quand même ?
Septembre 2009. C’est officiel : l’apocalypse est cette fois-ci prévue pour la rentrée, elle prend la forme d’un méchant virus qui punira tout le monde, tous à vos vaccins. Sur le web, une rumeur circule depuis quelques semaines : le plus grand génocide de l’Histoire est en marche, les vaccins seraient contaminés pour provoquer à terme des maladies mortelles qui dépeupleraient la planète, une journaliste scientifique autrichienne a déposé plainte contre l’ONU, l’OMS et plusieurs grands de ce monde. Evidemment, c’est un excellent scénario de science-fiction, digne des meilleurs romans d’anticipation… Evidemment ? Tandis que le monde s’écroule, chacun vaque à ses occupations. Ceux qui le peuvent reprennent le boulot. L’équipe de Ventilo rempile une fois encore, sans avoir l’assurance de faire perdurer un projet d’utilité publique, mais sans dramatiser pour autant. Sans subventions ni mécène à ce jour, sans l’appui d’un puissant groupe de presse — mais sans dettes non plus. Il y a quelque chose de grisant à partager sa passion de la culture, cette chose aussi futile qu’essentielle, à l’instant même où tout semble s’obscurcir. A Marseille, l’éclaircie prendrait la forme, nous dit-on, d’une Capitale de la Culture en 2013. Nous tâcherons de suivre l’évolution de la météo dans les mois qui viennent, c’est aussi notre rôle. Pour le reste, on fera comme d’hab’ : toute l’actu répertoriée dans l’agenda, analysée par nos journalistes, avec la justesse et la liberté de ton qui les caractérisent. Plus que jamais, nous avons les moyens de vous faire sortir. Vous avez le devoir de rester dissipés.

PLX