Edito 243

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Frais de Port

Ce ne fut pas vraiment une surprise pour ceux qui avaient assisté à la houleuse conférence de presse du 16 avril dernier : la semaine passée, nous apprenions l’annulation de l’édition 2009 du Festival de Marseille au Port autonome. A l’issue d’une réunion qui s’est tenue le 12 mai en présence de la directrice du festival Apolline Quintrand, les organisations syndicales des professions portuaires (dockers, marins, personnel du Port et, surtout, salariés de la réparation navale/UNM) se sont en effet prononcées à l’unanimité contre la tenue du grand raout estival dans le Hangar 15. Et pour cause : dans un contexte plus que difficile (mise en place de la réforme portuaire et, surtout, liquidation de l’Union Naval Marseille entraînant la perte d’environ 130 emplois, sans compter l’effectif des sous-traitants estimé à 300 emplois), l’incompréhension des travailleurs portuaires face à la tenue d’un festival sur « le lieu du crime » apparaît légitime. D’autant que si la Ville assure tout son soutien à la manifestation culturelle (généreusement subventionnée), elle fait peu de cas de l’UNM — les représentants de la Mairie auraient même brillé par leur absence à la table des négociations concernant la liquidation —, Jean-Claude Gaudin jugeant « lamentable que la CGT mette en péril une action culturelle majeure de notre ville. » Les représentants syndicaux regrettent quant à eux que « les intervenants du dossier (direction du Port, politiques…) renvoient dos à dos des gens de culture et des salariés » et fassent peser la responsabilité de cette annulation sur leurs épaules. Espérons que ce déplorable imbroglio aura au moins sensibilisé l’opinion publique (et les médias, étonnamment silencieux) sur la lutte qui se mène sur le Port (de l’angoisse).
Tout aussi légitime est l’inquiétude de l’équipe du festival de Marseille à quinze jours de son installation technique. Chassée il y a trois ans de la Vieille Charité, elle se démène — le mot est faible — depuis pour faire vivre une manifestation d’envergure internationale dont les retombées pour la ville (en termes d’image, d’économie et d’emplois, 150 intermittents étant concernés) ne sont plus à prouver. Si Frédéric Flamand se déclare prêt à accueillir à bras ouverts le festival dans l’enceinte du BNM, les riverains ne l’entendent pas de cette oreille : après avoir viré les Siestes électroniques d’Aires libres du Parc Borély et refusé au festival Marsatac de s’installer sur les plages du Prado, ils jettent désormais l’opprobre sur la proposition culturelle d’Apolline Quintrand. Il est vrai que des spectacles de danse contemporaine se terminant à 23h représentent de réelles nuisances sonores pour les populations alentour… Espérons que ce mauvais feuilleton pré-(f)estival trouve un happy end rapidement.

CC (avec HS)